Chaque ampli, selon son caractère, est capable dixit Hughes & Kettner d’aller des sons clairs open back années 60 (comme les amplis dont le nom commence par un F...) au Classic Overdrive des années 80 (à l’image des amplis dont le patronyme débute par un M...). La gamme, assez intelligemment pensée et étagée, comprend une tête 50W à base d’EL34, un combo 60W conçu autour de 6L6 et deux combos à base d’EL84, le Dual 20W 2 x EL84 et notre Quad.
Beau bébé
L’engin, d’environ 22 kg, dégage un impression de travail bien fait : recouvert d’un vinyle marron rehaussé de liserés crème, paré à l’avant d’une toile marron et beige, parsemée de petits points dorés et brillants et ornée du logo Statesman en bas à gauche. Le panneau des commandes ainsi que l’arrière sont fait d’un métal noir « vitrifié », si brillant que l’on se voit dedans (merci M.Propre). Cela flatte agréablement l’oeil et l’ego du proprio. Côté confort et protection notons la superbe et large poignée en cuir ainsi que les huit cornières métalliques. A l’arrière sous le châssis on trouve une première plaque de métal ventilée pour laisser respirer les quatre El84 et les deux 12AX7 qui animent la bête. Encore en dessous une deuxième grande plaque métallique, regroupe la connectique : le départ et le retour de la de la boucle d’effets, l’entrée pour le footswitch (fourni) qui permute les canaux et met en/hors service le Boost du canal Drive, une entrée pour un footswitch supplémentaire (non fourni) pour la mise en/hors service de la boucle et de la reverb et une sortie pour un baffle d’extension délivrant 40W sous 8 ou 16 ohms. Ce panneau supporte aussi un fusible de protection, l’embase secteur et un potentiomètre sans bouton qu’on peut tourner à la main car il est doux, la balance de la reverb entre les deux canaux. Ça permet par exemple d’envoyer la reverb sur le canal clean et de ne pas en avoir du tout sur le son saturé, ce sans toucher à son réglage de reverb. Pas bête hein ?
La reverb justement se niche au fond de l’appareil. C’est une Accutronics à ressorts qui est superbement exploitée par le Quad. Elle se montre chaude, bien intégrée au son pour peu bien sûr qu’on ne la pousse pas trop, mais on a quand même pas mal de latitude.
Potarzéboutons
Le panneau aligne des potards flèches blancs qui se détachent bien sur le fond noir. On commence par l’entrée instrument, puis le volume du canal clair accompagné d’un bouton poussoir, Twang, qui s’illumine en jaune lorsqu’il est activé. Il ajoute des hauts mediums, comme certains amplis Fender le font, ce qui est très gratifiant pour tout ce qui est funk, country ou rockabilly, on a du claquant, le son est un poil plus agressif tout en restant clair. Un autre bouton poussoir jaune aussi permet d’enclencher le canal clean lorsque le pédalier n’est pas branché. Vient ensuite le Drive avec ses propres boutons poussoirs, rouges cette fois, dont l’un sert à mettre le Boost, son gain et son master, dont les rapports sont très riches. On atteint assez facilement des taux de saturation assez élevés, le Boost rajoute un côté plus violent mais pas toujours heureux, ça dépend beaucoup de l’égalisation. Celle-ci, trois bandes se montre très efficace avec une interaction entre les réglages et une grosse action de chaque bande sur l’ensemble du son. Les moins spectaculaires bien qu’efficientes sont les basses, les plus radicales sont les mids, qui après le premier tiers donnent une grosse ouverture au son et le font gagner en agressivité. Quand on les baisse, ils donnent comme un bonus aux basses ça sonne bien vintage. Avec les aigus aussi on a de la marge. Notons enfin qu’on a quasiment un baffle fermé puisqu’en dehors de la ventilation des lampes on ne trouve qu’une ouverture d’environ deux cm de haut vers le bas de l’ampli, qui s’explique surtout par le souci de ménager l’électronique de la tête.
En son clair, avec des doubles c’est le bonheur, avec des simples le nirvana. L’égalisation autorise tous les types de sons clairs, le Twang fait qu’on a l’impression d’avoir deux canaux clean différents (dommage qu’il ne soit pas commutable au pied). En poussant au-delà du tiers ou de la moitié suivant la guitare on crunche avec une palette allant de subtil à franc au fur et à mesure que l’on pousse le volume. L’ampli est très réactif au volume de la guitare et aux intentions de jeu. Ce canal clair est un réussite d’autant qu’il est servi, ne l’oublions pas, par des EL84. Sur le Drive, on ne va pas sonner exactement comme un Marshall ou un Fender. La tendance naturelle sera plutôt « voxienne », à ceci près qu’en jouant sur l’égalisation, son efficacité et sa complémentarité avec le couple Drive/Master on n’a rarement eu une telle palette sonore à dispo avec des EL84. Alors bien sûr qui dit palette large dit des sons qui conviendront à certains et pas à d’autres mais il y en a tellement que chacun devrait y trouver son compte. Même s’il faut souvent dompter les aigus pour éviter les abeilles, ou doser les mids pour claquer le bec à Donald Duck, on regrette d’alleurs vraiment de ne pas disposer d’une égalisation pour chaque canal, les premiers pas furent assez encourageant pour que je connecte un bon vieux baffle 2x12 16 ohms sur l’engin. Le Quad n’a aucun mal à le piloter, bien que le baffle puisse encaisser 150W, l’ampli lui rentre bien dans le lard.
Avec trois HP douze pouces (l’Eminence Rockdriver 60 ampli plus les deux Celestion du baffle) on gagne évidemment en largeur et on constate que le son prend un côté un peu plus crémeux, un peu moins agressif dans les crêtes, bref avec un baffle d’extension l’ampli franchit encore un palier. Pour résumer, le seul problème avec cet ampli c’est l’embarras du choix.
Testez-le
Le Statesman Quad EL84 est un ampli tout lampe, puissant, à la palette impressionnante dans un registre couvrant à peu près tout sauf les saturation de l’extrême actuelles, bien fabriqué et bien pensé pour un prix qui reste raisonnable. Alors testez-le, vous risquez de l’adopter. Pis j’sus ben curieux d’tâter d’la tête à base d’EL34 moué...