La ligne Imperator ne comporte pour l’instant que deux branches, toutes deux fabriquées à Bédarieux, et toutes deux hauts de gamme : les 3000 dont la spécificité tient à l’accastillage gold et aux tables bois naturel (dont une spalted), et les 2000 (mes préférées personnellement), à l’accastillage chromé et aux tables recouvertes de vernis translucides : Black Shadow, Red Sunburst ou Dark Cherry comme la guitare testée, le tout pour 300€ de moins que les 3000. (NB : ceci n’est plus pertinent les gammes Lâg ayant été entièrement repensées et présentées lors Salon de Francfort 2008.)
Belle et confortable
La forme générale single cutaway et la structure, corps acajou surmonté d’une table archtop, en érable flammé, entourée d’un faux binding bois clair, ne laissent aucun doute sur la grande famille de guitares à laquelle se rattache l’Imperator. Mais voilà, ici on n’est pas dans la copie conforme, et si l’Imperator s’inspire de la Les Paul, c’est avec intelligence et un souci constant du musicien.
Le Dark Cherry met en valeur les motifs de la table érable et donne un lustre profond à l’acajou du corps et du manche, en trois parties, au dos de l’instrument. Une découpe stomacale aidera les plus ventrus d’entre nous à caler la belle. La touche, en ébène du Gabon, frettée jumbo mais sans excès, reçoit des repères de touche Black Pearl qui semblent émaner de la croix occitane centrée sur la douzième case. La tête, avec son placage en ébène sculpté, est tout à la fois, esthétique, sobre, classique et élégante et équipée de six mécaniques à bain d’huile frappées, elles aussi, de la croix occitane. Le reste de l’accastillage comprend les boutons de potards, les tours de micros, le couple Stop Bar/Tune-O-Matic et des StrapLocks Dunlop. Autre raffinement, le sillet de tête en graphite aide l’Imperator à tenir l’accord même lorsqu’on la malmène.
Le corps, plutôt fin pour une guitare de ce type, la rend plus légère et confortable à porter. La jonction corps/manche, modèle d’ergonomie, a été travaillée de manière à ce que la main accède aux aigus en toute liberté. Le manche se veut assez moderne et équilibré : fin mais pas trop, rond mais sans excès. Très agréable, il occupe bien la main sans la gêner et mettra à l’aise aussi bien les tenants de positions rock que les adeptes de la virtuosité et de placements main gauche plus académiques (oui je sais je souffre de l’égocentrisme du droitier). Belle et bien finie, sa lutherie fourmille de petits détails, de petites attentions qui tendent toutes vers un seul but : nous rendre la vie facile.
Efficace et polyvalente
L’électronique elle aussi va dans le même sens avec ses deux doubles Di Marzio, un Virtual Hot Paf en grave et un Tone Zone en aigu, recouverts d’un capot plastique noir. Personnellement j’aurais plutôt vu une finition zebra coil mais bon, c’est affaire de goût. Ces Di Marzio sonnent assez seventies, et font de l’Imperator une guitare à son affaire dans de multiples registres, jazz, blues, rock, hard-rock, mais avec laquelle on peut aussi attaquer sans complexe le gros graôuh moderne. Bref un terrain de jeu assez vaste qui contenterait déjà bien des fabricants de guitare, mais pas Lâg. Comme sur les Roxane, les deux micros peuvent se splitter grâce à leurs potentiomètres de volume push/push, et ouvrent à l’instrument tout un nouveau champ d’action, plus fendérien avec des graves chaleureux et des aigus scintillants. De plus, le split se faisant de manière indépendante, l’Imperator offre quatre configs différentes (2 doubles, 2 simples, 1 simple aigu + 1 double grave, 1 simple grave + 1 double aigu), soit douze sons avant même que de jouer sur l’équilibre des deux volumes... Si c’est pas de la polyvalence ça !
Le seul motif de fâcherie ne concerne pas l’instrument lui-même mais son étui, pas tout à fait au bonnes cotes intérieures qui oblige à forcer légèrement pour y loger l’instrument. Renseignement pris auprès du distributeur, le problème a été résolu et si toutefois vous aviez acquis une Imperator dont l’étui présente ce défaut, la Boîte Noire s’engage à vous le remplacer gracieusement.
Avec l’Imperator Lâg signe une guitare élégante, confortable et polyvalente, illustrant à merveille la devise « Rock Chic » de la marque, dont on regrettera simplement que son prix, même s’il se justifie, la mette hors de portée des bourses les moins rebondies.