Wow ! Pas de doute si vous êtes du genre maladivement discret vous pouvez tourner la page, sinon restez-là on part à la découverte d’un instrument assez étonnant. La forme du corps en acajou tout d’abord, qui reste assez sage si l’on excepte la longue corne montante côté manche, c’est à la fois rassurant et original. On regrette juste qu’un chanfrein de confort pour le passage de l’avant-bras n’ait pas été prévu, résultat, ça commence à piquer un peu au bout de dix minutes de jeu, à moins de jouer vraiment bas ou vraiment haut. La déco ensuite est assez démonstrative, pleine de dorures avec des rayures façon costume de mafioso. La forme de la tête, enfin, qui rappelle les guitares d’un certain Bernie Rico, bref, ça tape et Schecter n’y va pas avec le dos de la cuillère. J’aime assez ça, un vrai parti pris sans compromis, c’est bien, ça change de ces designs à l’eau tiède qu’on voit souvent. Donc voilà ça vous plaît tant mieux, ça vous plaît pas, on s’en fout ! Rock n’ roll.
Bienékipée
Cette Custom S est vraiment bien dotée à tous les niveaux : manche collé 24 cases, en trois pièces d’acajou pour assurer une grande stabilité dans le temps, surmonté d’une touche ébène, joint de type Ultra Access pour un accès aux aigus super facile, mécaniques Grover Rotomatic au ratio de 18:1, Floyd Rose 1000, Sustainiac, Seymour Duncan Invader, frettes jumbo etc. le tout agrémenté d’une tête de mort façon Baron Samedi sur la crosse et d’une tête de mort à ailes de chauve-souris sur la douzième case et divers morceaux de croix le long de la touche.
J’ai été impressionné par la brillance naturelle de cette Synyster Gates, son sustain même à vide, et la bonne circulation des vibrations dans tout l’instrument. Les sensations de jeu sont excellentes ainsi que l’équilibre de l’instrument en position debout. Une fois branché on retrouve ces qualités enrichies par l’électronique de la guitare. Personnellement je trouve que l’Invader est un micro largement sous-estimé que beaucoup ont tendance à ranger dans la catégorie « gros-bourrin-pas-pour-moi » sans même lui donner sa chance. Ben désolé les gars, c’est au contraire un micro doté d’un éventail de sons conséquents dont, eh oui, de très beaux et « pabourrindutou » sons crunch. Alors bien sûr, il envoie sévère en saturax mais avec un son très ouvert, très dynamique, vivant, à l’opposé des rendus over compressés qu’on rencontre souvent dans les micros taillés pour la baston. C’est vrai qu’il est vendu sur un argumentaire bien heavy, mais disons que c’est une victime du marketing et qu’il fait vraiment plaisir de le retrouver sur cette Synyster Gates Custom S dont il est un des atouts maîtres.
Suuuuuuuuuuuuuustaiiiiiiiiiniââââââque !!!
Autre atout, le Sustainiac complète la dotation micro. Fini le temps ou on hésitait à l’installer sur une guitare au motif qu’on allait y perdre un micro grave. Le Sustainiac de maintenant, se comporte, lorsqu’il n’est pas engagé, comme un honnête humbucker dont le son m’a semblé un peu plus fin, mais cette impression est peut-être due à la comparaison avec l’Invader. Notez qu’on bascule automatiquement sur ce dernier lors qu’on enclenche le Sustainiac vu que celui-ci ne peut faire son travail et celui d’un micro grave simultanément. Le mini switch d’en haut met en route le Sustainiac et celui d’en bas à trois positions permet d’avoir d’un côté le mode Normal et, dans ce cas, ce sont les notes qu’on joue, les fondamentales, qui sont prolongées, et, de l’autre, le mode Harmonic et là, ce sont les harmoniques de votre son qui sont prises en charge, la position milieu engageant le mode Mix qui mélange les deux précédents. Le Sustainiac rajoute un poil de graillon en plus, ça rend le son légèrement plus compact, disons qu’il remplit les espaces, l’air que l’Invader laisse entre les notes.
On peut utiliser les potards tout au long de leur course mais il ne sont pas linéaires : jusqu’à 3 environ, on va avoir des sons mesurés de clairs à crunchs et puis vers 4 on bascule tout d’un coup dans un autre monde rempli d’aigus tranchants et de saturation luxuriante, et une grosse puissance. Le Sustainiac marche très bien et s’avère une aide à la créativité. Le mode Harmonic en son relativement clair se montre très intéressant, surtout en conjonction avec le Foyd : on peut faire des sortes de nappes de synthé qui se barrent dans l’étrange. J’aime beaucoup et, paradoxalement, je trouve qu’il amène plus en son clair/crunch qu’en son saturé où la puissance de l’Invader et le sustain naturel de la gratte génèrent déjà moult harmoniques très musicales. Il faut juste faire attention à une chose : l’utilisation conjointe du Floyd et du Sustainiac peut occasionner des zingueries si une corde (notamment celle de Sol vient au contact d’une frette. C’est relativement rare et maîtrisable mais il faut le garder à l’esprit.
Klasse !
Voilà une guitare dont on pourrait parler pendant des pages tant au niveau esthétique que sonore. Un instrument bien fait, original, confortable et efficace, à essayer d’urgence !