Alors c’est vrai, un corps en acajou constitue en soi un mini-évènement sur une Tele, surtout quand il est creusé de chambres de résonance, des cavités internes qu’on trouvait déjà sur la Tele Set-Neck sortie il y a quelques années. Cela donne une guitare très légère et donc très maniable : la guitare se porte avec facilité, on ne la sent pas, c’est l’inertie zéro.
Le manche, d’une pièce d’érable, est un pur produit maison qui ne dépaysera personne. La touche palissandre arbore vingt-deux cases, la jonction corps/manche s’opérant à hauteur de la dix-septième. Bref rien de révolutionnaire par ici sinon à l’intérieur avec l’adoption d’une barre de tension double (Bi-Flex). Le sunburst du corps est à la fois esthétique et progressif, le vernis présentant de belles qualités de profondeur, avec un rappel esthétique sur la crosse. Côté accastillage, ça bouge pas mal avec l’adoption d’un chevalet/cordier Wilkinson autorisant un réglage d’intonation séparé des cordes de Sol et Si, de six mécaniques à bain d’huile et de Straplocks Shaller.
L’électronique regroupe deux simples De Armond K2 routés à la Gibson, deux volumes, deux tonalités et un sélecteur trois positions un peu dur. Le dessin du pickguard a donc été revu en fonction des ces éléments et deux cavités électroniques sont accessibles par l’arrière. A ce stade on apprécie la grande qualité de la lutherie, l’extraordinaire confort de jeu procuré par l’instrument et sa sonorité naturelle assez profonde.
Les De Armond ressemblent aux autres simples pour ce qui est de l’agressivité dans l’attaque et de la sensibilité, raisonnable, aux parasites (néons etc.), mais toute ressemblance avec les simples Fender s’arrête là. Leur rendu est en effet très différent. On retrouve le punch mais c’est à la fois un peu plus gras qu’un simple Fender et un poil moins gras qu’un P90. On constate aussi une grosse différence entre les deux micros. Chacun a son propre caractère. Le micro aigu possède un côté joufflu et des graves bien ronds mais dès qu’on passe en chorus on se rend compte qu’il produit des aigus à foison. Cela étant le caractère progressif du potard de tonalité permet de limiter avec précision le surplus de fréquences aigus si besoin est. Le micro grave est très chaud très bluesy, avec toujours le petit punch en plus. Tous deux crunchent vraiment rapidement et il faut jouer du volume pour obtenir du pur son clair, la position intermédiaire, assez belle, étant la plus propice à ce type de son. En son saturé on va atteindre la saturation hard classique et même grungeo sur le micro grave, mais on risque d’être un peu court pour le gros qui thrashe.
La Tele-Sonic possède une fenêtre de tir réduite (encore que...) qui va du blues un peu rauque, crunchy, au hard en passant par le boogie rock. C’est la guitare idéale pour le blues/rock car elle allie chaleur, grain, précision et possède de réelles qualités de résonance. Très impressionnante en rythmique elle réclame la grosse artillerie en chorus car elle possède un peu moins de sustain qu’une guitare équipée de doubles.
On pourra donc craquer pour elle si l’on recherche une gratte éminemment rock n’ roll, qui fait corps avec son maître. Elle a le mérite d’être vraiment originale dans sa structure comme par ses sons, tout en gardant la pureté de lignes qu’une Tele se doit d’arborer. Pour finir, signalons qu’elle est livrée dans un étui Tolex noir très classe et qu’elle existe aussi en finition Crimson Transparent (soit rouge translucide).
PS : si je peux me permettre un request à ses messieurs de chez Fender : vu la lutherie vraiment top de cet instrument pourquoi ne pas essayer de lui greffer des P90 Seymour Duncan ?