Jerry Jones, sorte d’ours antimédiatique, a racheté l’usine Danelectro, il y a environ six ans. Avec l’usine il a récupéré à peu près toutes les machines originelles dont celle à bobiner les micros par exemple, ce qui garantit une grande fidélité à la tradition Danelectro. Depuis force est de constater qu’il a abattu un sacré boulot que seul un amoureux respectueux de la marque pouvait mener à bien.
Les principales améliorations apportées concernent le manche maintenant en érable (car le peuplier pliait) et pourvu d’un truss rod remplaçant le système de barres originel qui n’était pas très efficace. De plus, les micros se montrent beaucoup plus silencieux qu’avant, moins sensibles aux parasites. La guitare, bien qu’elle ait trois micros et soit une des plus lourdes, reste quand même très légère. C’est dû en partie à son corps semi creux : deux plaques d’Isorel pour la table et le fond, prenant une pièce de bois centrale (sur laquelle viennent se fixer micros et chevalet) en sandwich, et ceintes d’un tour en tilleul lui-même recouvert de Skaï. Les mécaniques, des Kluson, arborent maintenant des capots, au lieu de laisser les engrenages à l’air comme avant. Par contre, tout ce qui est visserie reste à l’ancienne, que ce soit pour le manche ou pour les lipsticks, dont on sait que les vis de réglage en hauteur se trouvent dans le dos de l’instrument. Les attaches de bandoulière sont maintenant métalliques, ce qui est beaucoup mieux. Le chevalet est le même que celui d’origine (une base métallique supportant une pièce de palissandre) mais amélioré, on peut facilement le régler pour le bottleneck ou le jeu aux doigts. Tout étant sujet à option chez Jerry Jones, on peut aussi opter pour un chevalet/cordier classique à six pontets.
La Jerry Jones sonne
Le routage de l’électronique est de type Stratocaster : trois micro, sélecteur cinq positions. En grave c’est extraordinaire, profond, chaud et moelleux, en aigu c’est bien criard et les positions intermédiaires sont superbes. De temps en temps on peut souffrir d’un surcroît d’aigus, suivant l’ampli qu’on utilise et là, la tonalité permet d’ajuster vraiment au quart de poil l’égalisation du son. Grande progressivité des potentiomètres donc, que ce soit le volume ou la tonalité, avec en prime une précision étonnante : si vous bougez l’un deux d’un quart de huitième de poil, le son change. L’accord tient bien mais on aurait préféré des cordes un peu plus grosses surtout pour le jeu au bottleneck, la guitare pouvant le supporter à l’aise. En son saturé, elle garde ses caractéristiques de profondeur mais également son son particulier. On ne pourra pas vraiment l’utiliser en lieu et place d’une Les Paul ou d’une Strat, par contre, elle a un son saturé bien à elle, très agréable et original qui lui donne toute sa valeur. On fera simplement attention aux larsens imprévus, les lipsticks étant des simples plutôt puissants.
Bon, moi je craque, sur ces grattes, d’autant qu’il en existe autant qu’il y a de combinaisons possibles entre les formes (Longhorn, Shorthorn, Single Cutaway), les configs micros (un deux ou trois lipsticks) et les différentes options restantes (chevalet, double manche, baritone, couleur etc.). C’est bien simple, rien qu’à l’idée de la rendre, je ris jaune... Et prévenez votre bassiste que Jerry ne l’a pas oublié !