On retrouve le corps stratoïde propre à la famille RG, ici en tilleul, dans une version plus ramassée, agrémenté d’un manche à la crosse inversée et de pointes acérées qui lui donnent un caractère agressif mais avec classicisme. Le tout est ceint d’un binding blanc, qui éclaire l’ensemble car à part lui, de face tout est noir, hardware au finish « glossy black » inclus. De dos, le traitement natural du manche éclaircit là encore l’ensemble.
Ce manche, vissé, en érable, composé de trois parties est plutôt plat, ses 24 cases et son profil en D l’orientant clairement vers le jeu rapide et virtuose de type hard/metal/shred. Sa jonction avec le corps s’opère en quatre points à hauteur de la 17e case sur 24. L’accès aux aigus se trouve encore facilité par la position très reculée de la corne inférieure et la jonction travaillée pour ne gêner la main en aucune manière. Confort toujours avec la découpe stomacale et sur la touche palisandre des frettes jumbo aidant la glisse. La tenue de l’accord est fort bien assurée par six mécaniques à bain d’huile performantes. A l’autre bout, trône un cordier/chevalet maison de type Tele à six pontets individuels et insertion des cordes par l’arrière du corps.
Avec son manche satiné très agréable en main, une touche sur laquelle les doigts trouvent vite leurs marques, la RGR321EX est facile à jouer. Rien ne gêne la main gauche, et l’instrument se montre à la fois relativement léger et bien équilibré en position debout. Bon pour être tout à fait juste l’action, sur le modèle testé pourrait encore être abaissée mais c’est déjà bien confort comme ça et mon luthier et mes ennemis éventuels vous le diront, j’aime « la bassesse dans l’action ». La qualité générale de cette guitare est bonne voire étonnante et on se prend à espérer que les micros soient à la hauteur, pas trop anonymes compte tenu du prix de la bête.
Eh ben on n’est pas déçu !
Les deux doubles, ceints de tours de micros plats et métalliques, ont été conçus par EMG (c’est marqué dessus). Passifs, ils font penser aux EMG HZ, bien qu’ils aient apparemment été faits spécialement pour Ibanez, et sont servis par un volume, un sélecteur 3 positions et une tonalité.
La destination metal fait que les sons clairs ne sont intéressant que pour autant que le micro grave soit impliqué (lui seul ou position intermédiaire). On a alors de plutôt belles choses alliant velouté et rondeur mais bien évidemment personne de sensé ne vous conseillera la 321EX pour jouer du ragtime ou du blues bien roots. Elle donne sa pleine mesure dans le registre saturé et oversaturé avec un rendu général plutôt creusé, le grave sonnant, là encore, un peu plus rond et juteux que l’aigu qui lui taille dans la viande de manière efficace et assez jouissive. Il a du jus, de l’agressivité et de la précision en attaque ce qui au final lui donne un caractère metal affirmé. Les ronconcons graves sortent bien compressés, les aigus sifflent, bref c’est du consistant et Ibanez nous a pondu une méchante petite tronçonneuse dans le bon sens du terme.
Vous l’avez compris, on est dans de la bonne Ibanez d’entrée de gamme voire un peu plus, avec les qualités habituelles qu’on attend d’une Ibanez et un son en nette progression grâce aux micros de conception EMG. Si on y ajoute une fabrication de bon aloi on n’a quasiment rien à lui reprocher surtout pour le prix. Il serait d’ailleurs presque injuste de dire qu’avec elle, on en a pour son argent, car la RGR321EX vous en donne encore un chouia en plus. Allez bonus, c’est la tournée de m’sieur Ibanez !
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