La Rifle V2 adopte peu ou prou le format popularisé par MXR, autant dire qu’elle est très logeable. J’aime bien son look brut, gris métal que viennent renforcer les six têtes de boulons sur le dessus. Les trois switchs semblent solides et de bon aloi, berf la pédale inspire confiance. On y trouve un volume, un drive et une tonalité que l’on peut bypasser grâce au switch de gauche et creuser grâce au switch de droite, ce qui la dote d’emblée de trois possibilités d’égalisation : Tone bypassé, Tone flat (non creusé), Tone scooped (creusé). Sans compter que sur les deux dernières on va avoir toute la course du Tone pour varier les plaisirs. Le Drive nous emmène sans problème vers des taux de fuzz assez monstrueux, le volume nous permettant de compenser ensuite suivant ce qu’on attaque. La connectique est classique, In, Out et prise pour alim 9V externe. Notez que la pédale, comme toutes les AIB, n’accepte pas d’alimentation par pile. C’est une volonté délibérée de la part de Jérôme, ceci pour des considérations autant techniques, on a une meilleure alim sur secteur qu’avec une pile, qu’écologiques, pas de pile, pas de déchet, (AIB utilisant par ailleurs une peinture sans CFC).
Barissements
Alors autant le dire tout de suite on n’est pas dans la fuzz de salon ici, pas d’édulcorant chez AIB, on est dans la viande, dans le massif, le délité, le graillonneux, l’éléphantesque, bref on n’est pas là pour rigoler. Dès qu’on enclenche la bête, même avec le Drive à zéro, on sature déjà ; en le montant jusqu’à la moitié, on rajoute de la fuzz mais surtout dans les interstices si l’on peut dire, un peu comme si on colmatait peu à peu des petits trous dans le graillon. A partir des deux-tiers de la course , on atteint le nirvafuzz, c’est pachydermique ! Maintenant qu’on a vérifié que la belle avait bien les arguments qu’elle avançait, penchons-nous sur un autre de ses points forts : l’égalisation. Tone bypassé, elle a un caractère assez sombre, un grain pâteux, on obtient une fuzz bien boueuse avec un zeste de rugosité. Lorsqu’on enclenche le Tone en mode Flat (les deux petits inters vers le haut), Tone à zéro, on reste dans le même registre mais on constate tout de suite un supplément de punch. Les aigus apparaissent sensiblement à partir du tiers de la course de la tonalité, prenant de plus en plus le pas sur les graves qui, eux, disparaissent à peu près dans le dernier quart. Tone à fond ; on sonne un peu poste de radio à transistors, du plus bel effet.
Quand on passe en mode Scoop (inter de droite vers le bas) le rendu est tout de suite plus défini par rapport au mode Flat, surtout dans la première moitié de la course du Tone, qui devient franchement agressif au-dessus de la moitié.
Dans tous les cas de figure, la Rifle V2 a montré un beau grain, prouvé qu’elle disposait d’une réserve de saturation conséquente, le tout dans le respect de l’instrument et des nuances de jeu avec une polyvalence due à son égalisation intelligemment pensée. Juste... de la balle !