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Le chaînage des effets

D novembre 1997     H 17:22     A Judge Fredd    


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Cette question se retrouve fatalement un beau jour au coeur des préoccupations de tout guitariste. Dans quel ordre disposer ses effets pour en tirer le meilleur ? Y a-t-il des choses à éviter ? Pourquoi ? Nous allons essayer d’y voir plus clair, en précisant bien que ce qui suit est valable surtout dans une configuration de jeu live, car en studio, rien n’interdit d’expérimenter n’importe quoi.

En gros, vos effets pourront se positionner à deux endroits de la chaîne : entre la guitare et l’entrée instrument de votre système d’amplification (appelons cela branchement frontal) et entre le préampli et l’ampli de puissance (insertion), à deux exceptions près, la Talk Box et le Power Soak qui se branchent entre la sortie HP et le(s) HP. On va donc avoir des effets ou utilitaires qui se comporteront mieux ou seront mieux tolérés en branchement frontal (fuzz, overdrive, disto, wah, envelope filter, simulateur de leslie, octaveur et harmoniseur, compresseur, phasing, flange), et d’autres qui rendront mieux ou seront plus efficaces en insertion (hush, delay, reverb). Enfin, certains pourront être positionnés indifféremment (chorus, tremolo, EQ, pédale de volume). Tout cela devra être relativisé en fonction de l’ampli que vous possédez, de la qualité des effets que vous employez et des sons avec lesquels vous jouez, certains effets (tremolo par ex.) n’ayant pas la même incidence sur un son clair et un son saturé. Enfin, il faut bien avoir à l’esprit que tout ce qui suit suppose que vous envisagiez de vous servir de plusieurs de vos effets simultanément : si vous possédez une disto et un compresseur et que vous êtes certain de ne jamais les utiliser de concert, peu importe l’ordre dans lequel vous allez les brancher. Vous conviendrez cependant que cela est assez rare.

Chaînage 1

Comme un bon schéma vaut toutes les explications du monde, voici un résumé visuel de tout ce qui précède, étant entendu que je vous déconseille d’avoir tous ces effets à la fois et qu’encore une fois, tout cela n’est qu’indicatif et n’a rien d’un dogme, alors expérimentez... mais pas cinq minutes avant le concert !

Chaïnage 2

Chain reaction

Se pose donc la question de la cohabitation et, partant, du chaînage de ces différents effets. Bien que les règles soient faites pour être transgressées, laissez-moi vous en donner quelques-unes qui devraient vous simplifier la vie :

- les octaveurs, harmoniseurs et autres Whammy fonctionnent d’autant mieux qu’ils ont un signal simple à traiter. On essayera donc de les placer au plus près de la guitare.

- un compresseur ne fait pas la différence entre la musique et le bruit généré par d’autres pédales, on évitera donc de le placer trop loin dans la chaîne, en particulier derrière une disto appuyée à cause du souffle qu’elle engendre, et qui se trouverait magnifié. Cela étant, préférez une bonne compression d’ampli à celle plus artificielle d’une pédale, sauf en usage ponctuel (arpèges en son clair ou solo à la Santana).

- overdrive, disto et fuzz seront plus efficaces près de la guitare mais s’accommodent très bien de venir après un octaveur ou une Whammy. Elles peuvent aussi être précédées d’une wah, l’ordre entre ces deux types de pédales étant plus affaire de goût. Pour ma part je préfère disto + wah que le contraire, car la wah en favorisant certaines fréquences colore trop la disto. Mais cela peut très bien être le but recherché. D’autre part, on a déjà la wah avant la saturation de l’ampli, il est donc intéressant de disposer de la combinaison inverse dans sa suite de pédales.

- la wah, elle aussi, doit se positionner tôt dans la chaîne, mais elle accepte que d’autre effets lui passent devant, notamment octaveur/harmoniseur/whammy et disto. C’est un peu différent pour certaines auto wahs ou envelope filter qui peuvent mal réagir au signal venant d’une disto. L’auto wah étant sensible à la puissance du signal qu’elle reçoit et la disto ayant tendance à niveler le signal, à en gommer les nuances, on peut perdre une bonne part de la palette des réactions de l’auto wah.

- phasing : le phasing suivra harmoniseurs et distos dont il apprécie les fréquences les plus métalliques et précédera delays et consorts dont il pervertirait trop les résonances (encore une fois, en studio rien n’est interdit). De plus, le phasing aime bien se succéder à lui-même ; n’hésitez donc pas à en brancher deux à la suite, c’est plutôt sympa.

- les effets à base de delay seront à positionner du plus léger au plus profond : chorus, flanger, delay et reverb. Cette règle souffre pas mal d’exceptions. Un delay court de type slapback, pourra être positionné avant le chorus ou le flange. Comme d’une part je déconseille le flange dans l’insertion et que d’autre part je concède que le chorus lui peut s’y trouver, il se trouvera de facto après le flange. Cette règle ne s’appliquera donc à la lettre que théoriquement, mais devra rester présente à votre esprit. De plus, les échos analogiques qui refleurissent ces temps-ci peuvent se brancher frontalement, surtout si l’on veut respecter l’esprit vintage qui les a ramenés au premier plan : à l’époque les inserts d’effets n’existaient pas.

- noise gate, pédale de volume ou Hush doivent venir en fin de chaîne et de préférence en insert pour couper tout bruit juste avant la section de puissance. Encore une fois attention, certains amplis n’aiment pas la pédale de volume en insert. Les seuls effets que l’on pourra positionner après la pédale de volume sont le delay et la reverb si l’on veut conserver répétitions ou résonance même après coupure du son. Un noise gate peut également servir de façon plus ciblée, à couper les bruits résiduels d’un autre effet (flanger, fuzz, phasing). On le placera alors juste après. Méfiance un noise gate, c’est bête et ça ne fait pas la différence entre de la musique et du bruit, donc si vous pouvez vous en passer...

- EQ : un égaliseur peut se placer à pas mal d’endroits différents de la chaîne, avec bien sûr des résultats différents. D’une manière générale, on s’en servira pour modifier le signal avant qu’il ne pénètre dans un effet, ou au contraire pour regonfler ou égaliser le même signal lorsqu’il sort de l’effet. Avant une disto, il filtrera ou boostera telle ou telle fréquence et modifiera donc sa couleur. On peut aussi le placer après, mais on fera attention à ne pas magnifier le souffle de la disto. Il peut booster les fréquences haut médiums ou aiguës avant un phasing pour en accentuer l’effet. On peut le mettre en insertion (s’il est de bonne qualité et graphique de préférence) pour disposer d’une égalisation juste avant l’ampli de puissance. Bref, un égaliseur trouvera toujours une place valorisante dans une chaîne d’effets même si on peut s’en passer.

- De même que l’EQ, l’Enhancer pourra se placer avant un phasing ou une disto, boostant et clarifiant les fréquences supérieures avant le traitement, ou pour relever, le signal après une succession de pédales.

- N’hésitez pas à intégrer des A/B box ou certaines pédales qui créent une ou plusieurs boucles dans votre chaînage. Vous pourrez par exemple mettre dans cette boucle des effets que vous n’utilisez que ponctuellement, et ainsi raccourcir le chemin parcouru par votre signal le reste du temps. Autre avantage, vous pouvez couper ou mettre en fonction plusieurs effets simultanément à partir d’un seul switch. Avec l’A/B Box, il est possible de se ménager deux chaînages différents.

Enfin, une autre solution consiste à avoir, outre la boucle générale, une boucle d’effet par canal. Dans ce cas, un chorus un delay ou un tremolo, n’interviendront que lorsque vous serez en son clair par exemple. Enfin, un dernier petit conseil : si vous possédez plus de trois effets dans votre chaîne, installez-les dans un pédalier pourvu d’une bonne alimentation, votre signal ne s’en portera que mieux.

 

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Type d’article
Autres
Numéro
G&C 190

 

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