Plus sérieusement, au début des années 80 deux axes se dessinent : l’un, lancé par Boss, consiste en une valise flightée dans laquelle on dispose d’un certain nombre de pédales reliées entre elles. Une grosse boîte noire, le SCC-700 Effect Programmer tient la moitié du lit. C’est le cerveau qui va contrôler le tout, permettant à l’utilisateur de définir plusieurs combinaisons, plusieurs chaînages qu’il n’aura plus ensuite qu’à appeler à l’aide d’un pédalier. La solution fera long feu...
L’autre piste, qui sera gagnante à long terme, explorée notamment par Ibanez à cette époque est de rassembler un certain nombre d’effets dans un châssis au format rack. Citons l’UE400, rack sur 2U comprenant un compresseur un phasing, un chorus/flange stéréo, et un overdrive ou l’UE300 (compresseur, fuzz, chorus) un des premiers multieffets de sol. Mais ce qui va vraiment révolutionner tout ça c’est l’arrivée du numérique, au milieu des années 80 avec lequel les possibilités vont s’étendre et les mensurations se réduire. Yamaha sort le SPX 900 qui va faire un carton car c’est le premier multieffet à atteindre un tel niveau de qualité à un prix relativement raisonnable. Même les studios ont le leur. En ce sens, c’est peut-être lui le premier multieffet moderne, assez fruste et solide pour monter sur scène tout en étant assez performant pour satisfaire aux exigences du studio. La vogue des amplifications modulaires va accélérer le mouvement et le multieffet rentre dans les mœurs. Citons pour le plaisir la série saga des Eventide qui sortiront des studios pour accompagner notamment Steve Vai sur scène, les TC Electronics etc.
Dans les années 90, les multieffets se démocratisent et le concept est tellement ancré dans les têtes qu’on voit beaucoup de pédales devenir multieffets (plus d’un effet pour la même pédale), sans parler de la prolifération des multieffets de sol, résultats de la lutte acharnée que se livrent Digitech/Dod, Roland/Boss, Ibanez, Rocktron, Zoom et autres outsiders. Parallèlement, les progrès technologiques dotent ces engins de fonctionnalités de plus en plus extraordinaires (qui aurait dit il y a dix ans qu’on pourrait stocker jusqu’à 30 secondes de sample sur un simple pédalier ?) et repousse la frontière qui les sépare des préamplis puisqu’ils sont tous capables de produire des sons saturés même si la qualité n’est pas toujours au rendez-vous.
Il semble donc qu’après avoir été des accessoires, les multieffets soient en passe de devenir le maillon essentiel du son de guitare.