Fruit de la collaboration de Grover Jackson alors propriétaire de Charvel et de Randy Rhoads alors guitariste d’Ozzy Osbourne, la RR1 tranchait tant avec la production Charvel du moment que Grover décida qu’elle porterait son nom. Naissance de Jackson avec ce premier modèle aux formes angulaires, aux pointes acérées reprenant une structure alors peu répandue : le Neck-Thru Body. Le manche et la partie centrale du corps ne sont qu’une seule et même pièce de bois. On y accole deux ailes qui forment le reste du corps. Avantage, les vibrations circulent au mieux d’un bout à l’autre de l’instrument, inconvénient, c’est plus cher car on a plus de « déchet » dans le processus de fabrication ; et puis si le manche vrille...
Le manche traversant en érable coupé sur quartier, est flanqué de deux ailes asymétriques en aulne, gages de légèreté, et surmonté d’une touche en ébène avec repères dents de requin, équipée de 22 frettes jumbo. La crosse regroupe six mécaniques Jackson à bain d’huile, noires comme tout l’accastillage et un support, à l’arrière, pour les clefs Allen du Floyd Rose original,
C’est en position debout que la RR1 est la plus confortable du fait de sa forme. Sa légèreté et son équilibre font qu’on peut la jouer longuement sans fatiguer. Le manche, entouré d’un binding, possède un dos large et plat, aisé à prendre en main, entraînant un jeu fluide propice à la rapidité. Seul obstacle au confort du guitariste, l’attache de bandoulière côté manche gêne un peu la main pour l’accès aux deux dernières cases.
La régalade
Le sustain et la corpulence du son à vide sont plutôt bons. La mise en voix est confiée à deux doubles Seymour Duncan : Jazz SH2N en grave et JB TB4 en aigu. En son clair, les graves sont ronds et profonds, les attaques nettes et les aigus présents. En son saturé, on est étonné du champ d’action étendu de cette guitare, qui peut facilement lorgner vers le boogie-rock et ne se limite pas à la grosse sature métallique, même si elle est née pour ça. Le niveau de sortie tempéré des micros permet de sculpter le son à l’ampli avec pas mal de marge de manoeuvre. On dispose de trois potentiomètres : un volume et deux tonalités. Ces dernières sont efficaces mais pas graduées, pas évident donc de retrouver des réglages précis sur scène ; de plus, on ne peut pas jouer sur l’équilibre entre les deux micros en position intermédiaire.
Le Floyd est logé dans une dépression assez prononcée du corps, ce qui réduit sa course en descendant. On arrive vite au stade « cordes nouille cuites » avec la queue du vibrato qui touche le corps. Vers l’arrière, il monte bien sans problème particulier. Il se montre très joueur et il est facile d’obtenir des notes « grelottées » en lui titillant le bout de la queue (rien de scabreux dans mes propos je vous assure).
La RR1 est une guitare de guitariste, pensée avant tout pour la scène, pour le jeu et pour le confort de l’instrumentiste. Son look attirera les fans de gros saturax à poil dur mais elle est capable de beaucoup plus de polyvalence (remember Brian May dans le clip du premier Highlander).