On a donc une wah assez unique, un delay/loop, un accordeur en pédale que nous verrons bientôt et une disto hybride (transistors/tube) plus un phaser sensible à l’attaque objets de ce test. Même si l’on ne peut pas parler de réussite esthétique, les deux pédales Akaï ne sont pas trop laides et leur efficacité saura vous faire oublier la fadeur de leur look. Comme leurs soeurs, elles arborent un boîtier plastique gris sur lequel s’étalent des sérigraphies vertes, rouges, bleues ou noires. La Shred-O-Matic est en plus dotée d’un pédalier, et de stries de ventilation situées juste au-dessus de la lampe de préamplification. Contrairement à l’Intelliphase, qui possède un logement à pile très pratique sous son socle, elle ne peut s’alimenter par le secteur, lampe oblige.
Disto
La Shred-O-Matic est une pédale de distorsion hybride, à transistors et à lampes (une 12AX7A). Cela donne plusieurs types de distorsions : à lampe (Tube), à transistors (diode), ou mixtes. Ces deux dernières utilisent à la fois la lampe et les transistors : Smooth, produit une saturation assez douce, et Passion, une distorsion plus agressive avec plus d’aigus. Les autres réglages sont classiques, volume de sortie, graves, aigus et drive.
La position Tube a tendance à être un peu loose, ses attaques ne sont pas franches, et manquent un peu de précision, cela étant à relativiser suivant le volume de sortie : à bas volume, elles sont moins précises et gagnent en impact au fur et à mesure que le volume monte. La position Diode, sonne déjà beaucoup mieux de ce point de vue ; plus agressive, plus joufflue, elle possède plus de compression, et des attaques qui se tiennent mieux. A l’arrivée, cela donne un son beaucoup plus flatteur que lorsqu’on utilise la lampe. La présence de celle-ci prend toute sa valeur sur les positions mixtes. Sur Smooth, on a la sonorité idéale pour atteindre les sons de Joe Satriani ou Brian May. Avec la position Passion, on peut s’attaquer à des choses un peu plus hard, un peu plus méchantes, allant de Black Sabbath à Metallica. Pour ma part j’ai laissé les réglages de tonalité en position milieu, trouvant que le réglage d’aigus est surtout intéressant lorsqu’on veut en retirer plutôt que l’inverse, le réglage de graves se montrant quant à lui utile pour gonfler modérément le rendu des basses. Bref, deux réglages qui ne sont vraiment efficaces que dans des situations données.
Comme on le voit, la Shred-O-Matic offre déjà plus qu’une pédale de disto traditionnelle, mais ce n’est pas tout, puisqu’elle possède en plus un pédalier dont on peut changer l’affectation selon trois modes : volume, dans ce cas il sert de pédale de volume, inactif, mode qui se passe de commentaires, et drive, position dans laquelle on peut, grâce à lui, ajuster le taux de saturation. Mieux encore, la position pédalier relevé correspond au taux indiqué par le réglage de drive. On peut ainsi ajuster un taux de saturation minimum que l’on va retrouver quand on bascule le pédalier vers l’arrière, pour les rythmiques par exemple, gardant les taux plus élevés pour les chorus. Bien évidemment, si l’on enfonce le pédalier vers l’avant en obtient le taux de saturation maximale de la pédale. On peut donc dessiner très précisément l’éventail des taux de saturation que l’on aura à sa disposition directement au pied, ce qui sera d’une grande utilité en scène, puisqu’on pourra en changer instantanément entre les morceaux comme pendant un titre.
Tout cela donne une pédale aux possibilités nouvelles, avec un côté pratique très affirmé qui donne à chacun la possibilité d’en personnaliser l’utilisation.
En phase
A première vue, l’Intelliphase présente trois réglages assez classiques, profondeur de l’effet, vitesse de l’effet, et feedback qui enrichit l’effet en réinjectant une partie du signal traité à l’entrée du circuit, un peu comme sur un flanger, mais de manière un peu plus discrète. Les phasings obtenus grâce à ces trois réglages sont très beaux, denses, riches et musicalement exploitables. Ils correspondent tout à fait à ce qu’on peut attendre d’un phasing de haute tenue. On se ballade sans problème du Soundgarden de Black Hole Sun, aux effets Leslie des Fabulous Thunderbirds. Mais comme le Shred-O-Matic, l’Intelliphase propose plus : le Touch. Ce circuit rend le déclenchement de l’effet tributaire de la dynamique du jeu, un peu comme sur une wah automatique. Là encore, trois choix : inactif, Soft, et à ce moment là lorsqu’on attaque doucement, le son est traité par l’effet et si l’on frappe un peu plus fort le son reste naturel. Inversement, la position Hard ne déclenche l’effet que lorsqu’on attaque franchement à la main droite, le son restant naturel le reste du temps. On peut, bien entendu, déterminer le seuil de déclenchement grâce au quatrième potentiomètre libellé Touch Sensitivity. L’application la plus immédiate de ce dispositif consiste à se positionner sur Soft, avec la sensibilité vers le tiers de la course du potentiomètre, ce qui permet par exemple de jouer des arpèges pendant un couplet à l’ambiance tranquille, en bénéficiant du phasing, et de couper celui-ci quand le refrain arrive uniquement en attaquant un peu plus à la main droite, ce qui évite d’avoir à arrêter/enclencher sa pédale à chaque fois. Encore une fois, le côté pratique a été privilégié.
On le voit, Akaï ne s’est pas moqué de nous attaquant le domaine des effets guitares avec son sérieux habituel. Performance et singularité sont les maître mots de cette nouvelle ligne dont nous ne manqueront pas de vous reparler.