J’avoue avoir été très dubitatif lorsque j’ai appris que le top des hi gain ferait 200W (tant de puissance, était-ce bien raisonnable ?) et qu’en plus sa section puissance serait conçue autour de quatre KT88 (est-ce que ça va pas être trop raide, trop « dans ta face » ?). Je vous rassure tout de suite, après cet essai tous mes doutes se sont envolés et plus encore, car jamais je n’avais entendu des KT88 sonner aussi musicalement dans un ampli guitare. La section préampli, regroupe quant à elle quatre ECC83 et une ECC82, appelée aussi 12AU7, cette lampe drive l’étage de puissance.
Classieux
Comme tous les One Series, le 200 exsude la classe : beau vinyle noir, panneau des commandes noir, grille avant noire laissant voir les entrailles de la bête, et assurant avec les évents au dessus et en dessous de la tête, une ventilation optimale, large poignée, larges patins, solides cornières, potards métalliques, on ne peut qu’admirer la finition et la qualité des matériaux employés. Seul bémol, les transfo sont conséquents, et participent activement au poids final de la tête, 27 kg (!) ; jusque là tout va bien mais, petit problème, ils sont positionnés du même côté du châssis ce qui rend la tête assez inconfortable à porter, car non seulement elle est lourde mais, en plus, elle penche.
Le S1-200 offre quatre canaux dont les deux premiers peuvent fonctionner selon deux modes ce qui nous fait six sons (eh non je ne ferai pas de blague sur le saucisson aujourd’hui) de base. Les canaux Clean et Crunch partagent la même égalisation trois bandes et le même ISF. Sur le Clean on dispose des modes Bright ou Warm. Pour schématiser le Bright est censé se rapprocher d’un rendu country ou sons clairs cristallins tandis que le Warm lorgne plus vers le blues. L’un est plus claquant et crisp l’autre plus velouté. Il ne faut pour tant pas s’attendre à disposer d’un son clair Fender ou Boogie quoique l’illusion soit meilleure avec des simples, on a plutôt un canal clair d’obédience britannique qui gagnera à être agrémenté d’effets. Le son reste clair assez longtemps mais vu qu’on dispose d’un gain, il est possible de faire cruncher le Clean (je conseille alors le mode Warm sur le Canal Clean, plus flatteur, moins agressif côté aigus). Dans ce cas de figure, attention à ne pas trop pousser basses et gain en même temps, pour rester musical.
Le Crunch possède lui un mode Crunch et un mode Supercrunch. Le Crunch pousse assez fort dès le départ vu qu’il faut mettre le gain minimum au quart pour nourrir les gamelles et avoir de la corpulence. On est donc déjà dans des niveaux de saturations assez conséquents, en crunch bien poussé on va dire, et on atteint sans problème la disto en positionnant le gain au-delà des deux-tiers. Le mode Supercrunch pourrait s’appeler Overdrive ou Lead sur d’autres amplis tant il envoie avec une texture encore plus grasse et plus épaisse, no problemo pour tout ce qui va de AC/DC-ZZ Top à Def Leppard-Motörhead. On va donc pouvoir se servir de ces deux premiers canaux soit comme Clean et Crunch, avec dans ce cas des compromis à faire sur le réglage d’ISF car il faudra trouver un réglage qui convienne tant aux sons clairs qu’à la saturation, soit en Crunch et Crunch ou en Crunch et Supercrunch. Dans les deux derniers cas, l’ISF est vraiment royal pour varier le rendu et taper des distos aux accents tantôt ricains tantôt british.
Overkill !!!
Autant dire que beaucoup d’amplis se contenteraient de ces deux premiers canaux, mais pas le S1-200 qui a été conçu comme une machine de guerre. Place donc aux deux canaux hyper saturés, OD1 et OD2, qui partagent eux aussi une égalisation 3 bandes et un deuxième réglage d’ISF. OD-1 et OD-2 c’est Saturax Nirvana dès le OD-1, on peut aller du hard au metal le plus carnassier l’égalisation faisant ici merveille pour typer le son, très mid ou au contraire très creusé, brillant ou mud, le humbucker est roi, ça envoie le steack grave ! Au point qu’on se demande ce que le 2 va bien pouvoir faire de plus. Eh ben si, avec Blackstar c’est possible, l’OD-2 va encore plus loin dans la hargne avec une texture encore plus dense, un niveau de saturation encore plus énorme qu’on ne poussera jamais au bout parce qu’on prendra peur bien avant. Toutes ces saturations ont beaucoup de moelleux, on sent la rondeur, le rebondissant même si l’agression est toujours présente. Rondeur des basses, souples et puissantes à la fois, un coffre incroyable, les larsens partent comme on veut, on est entouré de matière sonore. C’est dantesque mais cela reste toujours musical, toujours beau à condition d’oublier les réflexes acquis sur d’autres amplis. De même qu’une Porsche ou une Ferrari demande un temps d’adaptation, le 200 est tellement généreux en tout qu’on se retrouve plus souvent à baisser des potards d’égalisation ou de presence qu’on avait réglé, à l’estime, un peu comme d’hab’ sur son propre ampli, plutôt qu’à monter quoi que ce soit. De plus, cet ampli ne plie jamais et soutient monstrueusement toutes les fréquences, résultat, si vous le poussez trop loin partout, il donne à entendre des sons qui mettraient à genoux d’autres machines, et parmi ces sons tous ne sont pas forcément flatteurs. Bref le S1-200 se mérite.
Heureusement le DPR va vous aider à domestiquer la brute en réduisant la puissance jusqu’à 10% de sa valeur nominale, soit 20W. Comme d’habitude, on a audiblement plus de 20W mais, et même si dans son premier tiers, il permet de jouer en chambre sans trop perturber nos voisins (des voisins sympas s’entend car ils l’entendront quand même hein faut pas rêver, mais moins...), ensuite dans les deux-tiers restants, il permet aussi de chercher un rendu différent sans toucher aux autres réglages, cela joue donc aussi, subtilement sur le grain final. Pour le reste, la section puissance comporte, une Presence, un réglage de Resonance pour magnifier les basses, donner plus de « headroom » comme disent les ricains et un Master Volume, communs aux quatre canaux.
You’re #1 in my heart
A l’arrière, on note la présence d’un fusible dédié aux lampes de puissance, bien protégées donc, puis on trouve, la prise footswitch, Blackstar fournit un pédalier à quatre switches et connecteur de type port série informatique pour appeler chacun des canaux. On regrette juste, la qualité du câble qui semble un peu en retrait du reste avec une propension à l’entortillement. Suivent les deux prises MIDI In et Thru, tous les amplis de la série pouvant s’intégrer dans un système MIDI, deux sorties HP flanquées d’un sélecteur d’impédance 4/8/16 Ohms, deux sorties émulées, format jack et XLR, et une boucle d’effets avec switch de niveau, +4/-10dB. Terminons sur le baffle, lui aussi très soigné, pouvant fonctionner sous les trois impédances et équipé de quatre Celestion Vintage 30, qui tout au long de l’essai a su montrer de belles qualités d’endurance de puissance et de musicalité.
Si vous lorgniez sur les One Series, le S1-200 est celui qu’il faut acheter, car c’est celui qui, en plus de tout ce que proposent les deux autres amplis de la série, a le rendu le plus musical. Et je le répète encore une fois, cette bête de disto, cette usine à grâouh est sans conteste mon préféré de tous les Blackstar.
J’avais enregistré des samples, malheureusement pas avec mon appareil habituel et je n’ai pas fait attention au niveau d’enregistrement. Résultat ça grésille tout du long, bref... inutilisable. Désolé.