On a donc une très belle Jazzmaster au corps en aulne recouvert d’un très beau vernis sang de bœuf (Oxblood) sur lequel se visse un manche en érable au profil en C, surmonté d’une touche palissandre 21 cases, au frettage vintage, ceinte d’un binding blanc qui, de concert avec le pourtour du pickguard écaille de tortue, trace de belles lignes dans toute cette sombritude par ailleurs assez classieuse. De même certains éléments, les boutons de potards, les micros simples Jazzmaster American Vintage ’65, les inlays de type block et le sillet en os synthétique contribuent à éclaircir un peu le tout. On remarque à l’arrière de la tête la signature de TVL, discrète et de bon goût, ça change des chauve-souris vampires, des étoiles de shériff et autres pin-ups de bazar.
Electronique bicéphale
L’accastillage est relativement classique, un chevalet Jazzmaster avec des pontets de Mustang, un tremolo Jazzmaster que l’on peut bloquer en faisant coulisser un petit bouton rond situé à sa base et six mécaniques de type vintage. Je n’ai malheureusement pas pu éprouver le tremolo car le modèle testé faisant le tour des rédactions, il était dans une housse et non dans son étui d’origine, un étui moulé dans lequel était resté sa queue… (ça va, ça va bande de libidineux…) L’électronique des Jazzmaster est assez particulière et celle de la TVL ne déroge pas à la règle. En gros, on a deux électroniques en une. Quand le switch chromé de la corne supérieure est vers le bas on est en position Lead : les deux micros simples Jazzmaster fonctionnent alors de manière très classique, via Le Volume et le Tone du bas (potards witch hat à silver top) et sélecteur trois positions. Quand on bascule le switch chromé vers le haut, on passe en position Rythm : seul le micro grave est actif et on règle son volume et sa tonalité via deux roller pots insérés dans le pickguard.
Cette position, Rythm est royale pour jouer des rythmiques en son saturé à la QOTSA ou à la Monster Magnet. On peut balancer de la rythmique bien serrée avec un grain très intéressant et, de plus, on peut très bien passer sur l’autre électronique avec le micro aigu à fond pour le solo. C’est à la fois très musical et très pratique. Autre possibilité, on met le volume d’un des deux modes à zéro, l’autre à fond, et le switch chromé devient… un kill switch !! On note tout de même sur les sons saturés un buzz assez présent quand on ne joue pas, c’est normal ce sont des simples avec un niveau de sortie conséquent. Du coup en son clair, à part sur la position intermédiaire, ils s’éloignent un peu des standards fendériens établis par la Strato ou la Tele : c’est plus puissant, plus mid sur le micro aigu, plus fat sur le micro grave. Cela n’empêche pas les arpèges charpentés et les riffs bluesy en son clair.
Niveau sensations à moins d’avoir des doigts solides, on va dire que ce n’est pas une guitare de soliste virtuose et pyrotechnique, il faut rentrer dans les cordes avec entrain, mais elle se montre très généreuse sur des chorus moins techniques ou pour riffer à l’unisson avec un autre gratteux ou un bassiste. Très QOTSA quoi… Le manche est agréable mais il est dommage que le vernis qui le couvre soit si épais, un finish plus satiné aurait été plus sympa. La guitare résonne très bien à vide et cette bonne circulation des vibrations se retrouve une fois branché.
Guitar for the deaf ?
Cette Jazzzmaster TVL signature est l’instrument rêvé pour qui aime à aligner de la bonne rythmique grunge, indie ou classic rock boueux et couillu. Ses sons clairs séduiront aussi les adeptes de la pop anglaise ou des instrumentaux déjantés façon sixties. Si vous êtes dans un de ces cas de figure (ou pas d’ailleurs) allez donc l’essayer.