Mais revenons à nos moutons et voyons déjà ce que ces deux Sheena ont en commun. Leurs corps en tilleul et leurs manches en érable sont fabriqués en Chine puis expédiés à Boston où ils sont assemblés. Leurs micros, des First Act sont eux, fabriqués aux Etats-Unis. Ce sont des doubles orientés vintage plus un simple en grave sur la CE240. Leur corps reprend les grandes lignes de celui d’une Tele à la notable différence de la corne inférieure pointue et orientée vers le bas. La crosse fait fortement penser aux basses Gibson Thunderbird. Elle part en tilt-back, les cordes sont ainsi plaquées sur le sillet ; elles restent assez droites ensuite ce qui concourt à une bonne tenue de l’accord sur les deux instruments. A l’autre extrémité, elles traversent le corps et y entrent donc par l’arrière, une petite plaque métallique servant à supporter les contraintes exercées.
First Act First Price
La CE220 est le premier prix de la série : corps bleu clair façon Cadillac des années 60, un humbucker entouré de plastique blanc (ça c’est un peu cheap), servi par un volume et une tonalité, pickguard blanc nacré, crosse noire, elle est assez jolie. Toutes les pièces métalliques (boutons de potards, « cordier », chevalet, mécaniques à bain d’huile, coquille de jack etc.) sont les mêmes que sur la 240 et certaines se retrouvent aussi sur les modèles US de la marque. Autant dire que là il n’y a pas d’économie de bouts de chandelle, la C220 est dotée au-dessus de sa catégorie.
Son manche, vissé au niveau de la 16e frette, adopte un profil en C qui remplit bien la main, plutôt agréable à jouer assez brut et surmonté d’une touche érable. Au niveau son bien sûr, la polyvalence n’est pas de mise, on est dans le registre rock, avec du tranchant, du corps et des attaques musicalement agressives. Signalons pour les mordus de simple bobinages qu’un modèle existe avec seulement un single.
Bref, la CE220 est une guitare rock n’ roll avec des sons brut de fonderie qui par rapport à d’autres guitares premier prix fait montre d’un excellent niveau, procurant des sensations dignes de guitares plus huppées. Qu’on se le dise, c’est un instrument à part entière et non un jouet. L’usage est limité par le fait qu’on n’ait qu’un humbucker à sa disposition. Elle conviendra soit à ceux qui aiment aller à l’essentiel, soit comme seconde guitare peu chère mais efficace.
Facts First
Avec la CE240 on accède à niveau de finition supérieur et on change d’architecture avec un manche collé et une la jonction corps/manche beaucoup plus fine. Un binding court autour du corps puis tout au long du manche et de la crosse laquée noire. Les repères de manche sont des espèces de petites barres situées à la base des cases et non au milieu, effet graphique sympa. Le corps est recouvert d’un bleu translucide laissant apparaître les veines d’un bois qui sans être d’une beauté renversante ne présente aucun défaut ni aucun noeud. Les micros, (à entourages métalliques cette fois), un double en aigu et un simple en grave sont servis par deux volumes, une tonalité et un sélecteur trois positions. L’action, beaucoup plus basse que sur la CE220, rend la CE240 très agréable sous les doigts.
Une fois branchée, les sons du simple grave, ressemblent à ceux d’une Fender avec quelque chose d’un peu plus crunch d’un poil plus fat, se rapprochant du rendu d’un P90. En position intermédiaire, ça creuse bien, presque comme sur une strat, sauf que le double rajoute un poil de crasse si on attaque et qu’on peut jouer sur l’équilibre entre les deux volumes. La tonalité est elle aussi exploitable d’ailleurs. L’aigu crunche vite et assez joliment, c’est très très rock n’ roll, pour aller de Lynyrd à John Cougar Mellencamp. En son saturé, le double donne dans la catégorie AC/DC d’entrée : très corpulent mais sans agressivité, avec un côté plutôt doux, plutôt vintage même sur un ampli à disto moderne. Le grave tire aussi son épingle du jeu en saturé même si, la plupart du temps, on préfère le grain du double sur ce type de sons.
Comme sa petite soeur la CE240 Présente un bon rapport qualité/prix. Les deux guitares allient classicisme et originalité, prestations de bon niveau et prix serrés. Elles valent plus que leurs prix respectifs, et il serait idiot de ne pas les essayer. Si vous passez par la rue de Douai donnez leur donc un coup de médiator, faites-les chanter !
Un échantillon sonore de la CE220 sur l’Ibanez Thermion
http://www.judge-fredd.fr/media/son...
Et un de la CE240
http://www.judge-fredd.fr/media/son...