La prose de Judge Fredd
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Dean Zelinsky

And there was guitars !

D 20 septembre 2008     H 03:33     A Judge Fredd    


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Les Dean font rêver beaucoup d’entre nous pour beaucoup d’excellentes raisons : elles sont spectaculaires et bien faites, elles sonnent et on les retrouve tant entre les mains expérimentées d’un paquet de bons gratteux, qu’entre celles non moins expertes d’aguichantes créatures. La marque ayant changé de distributeur pour la France lors du NAMM 2008 et Monsieur Dean Zelinsky nous ayant par ailleurs accordé une longue interview, nous n’avons pas boudé notre plaisir.

Note : cet article comporte plusieurs onglets (juste au-dessous de ce texte). N’oubliez pas de cliquer sur chacun d’eux pour lire l’article dans son intégralité.

 

Vous jouez vous-même de la guitare, à quel âge et comment avez-vous commencé ?

Quand j’avais 10 ans. J’avais tanné mes parents pour avoir une guitare après avoir vu les Monkeys à la télé. Ma première guitare fut donc une guitare à un dollar, un modèle d’exposition que ma mère avait trouvé chez Marshall Fields (l’équivalent de la Samaritaine à Chicago à cette époque NDR). Elle n’avait qu’une seule corde.

Et la réparation de guitares c’est venu comment ?

Quand j’étais jeune, j’avais l’habitude de tout démonter ou réparer dans la maison. Dès que j’ai eu des guitares j’ai commencé à les démonter et à travailler dessus. Plus tard, j’ai réalisé que je pouvais racheter des guitares hors d’usage pour presque rien, comme des Gibson SG avec le manche cassé : je n’avais plus qu’à réparer le manche, refaire le finish et je les revendais.

Dean logo

Bon d’accord, mais comment faisiez-vous ? Moi à 15 ans avec une SG cassée, je n’aurais pas été capable de grand-chose...

Je pense que j’ai une inclination naturelle à ça, je suis un « mécanicien ». Par exemple, beaucoup de guitaristes n’osent pas régler leur truss-rod eux-mêmes, moi je fais ça depuis que j’ai 12 ans.

Les trois premiers modèles Dean

D’où vient ce don selon vous ?

De mon père. Il concevait des pièces pour l’aéronautique et, à la maison, nous avions tout un atelier au sous-sol, nous étions beaucoup mieux outillés que la moyenne. Je l’ai toujours vu travailler le bois.

La transition vers la réparation professionnelle ?

J’ai commencé pendant mes années de lycée, chez moi, puis toujours lycéen j’ai ouvert un petit atelier de réparations. Un an après, j’ai décidé de fonder Dean Guitars. J’ai tenu cet atelier pendant trois ans environ.

Passer à la fabrication s’est fait naturellement ?

Oui pour moi c’était l’étape suivante évidente parce que ma formation me poussait plus vers la fabrication que vers la réparation

A quel âge ?

19 ans.

Si jeune, comment avez-vous fait financièrement ?

Malheureusement, mon père est décédé dans un accident d’avion quand j’avais 12 ans, donc à 18 ans j’ai touché un pécule qui m’a permis de démarrer Dean Guitars.

Pourquoi Dean d’ailleurs pour quoi pas Zelinsky Guitars ?

Trop long pour mettre ça sur la crosse, ça aurait fait trop de lettres entre les deux ailes.

Comment sont-elles arrivées sur la crosse ces ailes à propos ?

J’avais déjà la forme de la crosse. Un artiste local avait l’habitude de passer à l’atelier discuter et nous avons commencé à parler du genre de logo qu’il faudrait sur cette tête. C’est lui qui a fini par trouver l’idée des ailes.

Vous étiez seul à cette époque ?

J’ai commencé seul mais très rapidement j’ai engagé un gars qui savait travailler le bois, et il m’a aidé à mettre en place l’outillage dont nous avions besoin. J’avais acheté toutes les machines... Je savais quelles machines acheter car j’avais suivi deux fois la visite des usines Gibson et j’avais noté comment et avec quoi les guitares étaient faites là-bas.

La première Dean c’était une...

Nous avons tout de suite eu les trois modèles V, Z et ML. Ça a vite pris de l’ampleur et nous avons très rapidement engagé et formé des gens à qui nous avons appris à poncer, à peindre et vernir. Nous les formions parce qu’à cette époque il n’y avait personne qui travaillait dans la fabrication de guitares à Chicago, je crois que la manufacture de guitares la plus proche était à trois heures de Chicago dans le Michigan donc j’ai engagé des gens qui travaillait plus ou moins dans le bois, ou dans le finish et je leur montrais comment appliquer leur savoir-faire à la fabrication de guitares.

Il n’y avait pas Hamer à Chicago ?

Si, mais à l’époque Hamer ne fabriquait pas ses guitares, ils les faisait faire à Nashville je crois.

Dean Z USA Time Capsule

Et j’ai lu que la Z découlait de la Hamer Standard c’est vrai ?

Non pas du tout. C’est marrant parce que Paul Hamer était mon prof de guitare quand j’avais 12 ans. Donc on se connaissait depuis longtemps. Bien sûr, on était l’un et l’autre passionné par ces vieilles guitares, ces guitares de collection dont on regardait les images pendant des heures, sans se lasser ; ce n’est pas étonnant qu’Hamer comme Dean ait commencé par des guitares de ce genre. Mais non, la Z et la V sont vraiment basées sur les Gibson de 58. Et de toute façon quand j’ai démarré Dean Guitars, Paul était encore revendeur... son truc c’était plus l’upgrade de Les Paul auxquelles il mettait des flame top etc. Il n’était pas encore connu pour faire des Explorer et des guitares de ce genre.

ML Warbird

Et la ML alors, comment vous est venue cette idée de mixer une V et une Z ?

Durant ces débuts, je sentais qu’il me fallait une guitare qui n’avait jamais été vue avant, qui soit de moi. Et je regardais la Z et la V, je ne me souviens pas comment ça m’est venu, ça fait longtemps maintenant, mais je me souviens avoir passé pas mal de temps à assembler des bouts de V et de Z, de manière à ce que la fusion aboutisse à une guitare vraiment belle.

Dean Cadillac 1980

Vous avez appliqué le même procédé pour créer la Cadillac ?

On peut dire ça oui. Les gens me demandait une guitare plus « conservatrice », parce qu’il faut reconnaître que les guitares à formes radicales sont plus difficile à vendre. Mais moi je suis rentré dans ce business justement en ne voulant pas faire des guitares « conservatrices » comme tout le monde, mais au contraire des guitares pour la scène. Alors j’ai résisté longtemps, je ne voulais pas créer de guitare aux formes rebondies, et quand j’ai fini par céder, sous la pression, j’ai sorti la Cadillac qui reste quand même assez radicale pour une guitare à corps rond.

Split Tail

Cette idée de mix a encore frappé récemment avec la Split Tail, mélange de SG et de V aux ailes pointues...

Ouuuais... oui c’est vrai... on a fait ça... (rires) En réalité c’est venu d’une demande de Zakk Wylde. Il voulait quelque chose entre la SG et la V, et bon... on lui a fait.

Comment avez-vous eu l’idée de ce profil en V pour le manche, vous aviez vu ça sur les vieilles Martin ?

Non, non. A cette époque je ne connaissais pas grand-chose aux acoustiques, c’est venu autrement. Il faut se rappeler que dans les années 70, Gibson était la propriété de Norlin Industries une grosse compagnie qui intervenait dans des tas de domaines et dont la musique n’était pas le premier souci. Durant cette période, la qualité des Gibson était vraiment devenue médiocre et plus ça allait plus leurs manches étaient épais, surtout sur les Les Paul. J’avais mon atelier de réparations, et pas mal de gens venaient me voir, se plaignant de cette épaisseur. Du coup, affiner les manches est devenu une de mes spécialités et je le faisais de manière à obtenir un profil de manche le plus agréable et efficace à mon goût. Quand les clients reprenaient leurs guitares, il n’était pas rare qu’ils reviennent dans la semaine avec un ami qui ayant essayé le manche que j’avais retaillé, voulait la même chose sur sa Gibson, ce qui m’a conforté dans mon idée. Donc quand j’ai dessiné les premières Dean, le manche en V s’est imposé.

La tête en V ?

Il m’a toujours semblé évident que la crosse est la partie la plus identifiable d’une guitare. Celle qui fait qu’une marque est reconnue. Je savais donc qu’il fallait quelque chose d’immédiatement reconnaissable. Gibson avait déjà fait une tête de ce genre (assymétrique NDR), mais là, l’idée a plus été de retourner le corps de la V et d’en faire la crosse. On a eu trois versions de la crosse Dean, mais si vous regardez bien celle des premières Dean, elle ressemble vraiment à un corps de V inversé.

Fur guitar avec Shrimpfork headstock

Dans les années 80 vous avez fait des guitares avec une tête plus fine qui se resserrait au lieu de s’évaser, comme les Z que ZZ Top utilisait à l’époque d’Eliminator. Pourquoi ne les fabriquez vous plus ?

Oui, tu veux parler des « Shrimp Fork Headstocks » (crosse fourchette à crevettes, on dirait plutôt fourchette à escargots en France NDR). A cette époque, on mettait au point des guitares équipées de vibratos. Je précise que le Floyd et autres vibratos à blocage n’existaient pas encore, on avait donc besoin que les cordes restent droites derrière le sillet pour que la guitare garde l’accord au mieux lorsqu’on utilisait le vibrato. C’est ce qui nous a conduit à ce type de crosse. De son côté, Billy Gibbons ne tenait pas spécialement à avoir une tête trop extravagante sur ses guitares et nous a demandé la crosse Shrimp Fork. Nous avons abandonné cette tête à l’avènement des Floyd Rose, Khaler et autres vibratos à blocage avec lesquels la rectitude des cordes derrière le sillet n’a plus guère d’importance. Mais... il se pourrait qu’on la refasse...

Autre idée originale, vous avez été le premier à proposer des micros Di Marzio sur vos guitares alors que jusque-là, les fabricants de guitares les équipaient de micros maison.

Ca vient de mon expérience à l’atelier de réparations. J’avais remarqué quand j’en installais comme micros de remplacement sur les guitares qu’on me confiait, quelles sonnaient encore mieux avec. Donc tout naturellement quand j’ai démarré Dean, j’ai appelé Larry en lui demandant si on pouvait trouver un deal. Il a répondu favorablement et je me suis retrouvé avec les meilleurs micros du moment, car dans les seventies, les micros de la concurrence étaient vraiment mauvais. Tous les gratteux étaient à la recherche de micros ayant le son des PAF 58, ceux qu’on trouvait sur les guitares sonnant de manière assez horrible. Di Marzio était le choix évident.

Y a-t-il d’autres choses dans la fabrication de vos guitares que vous aimeriez souligner ?

Vaste sujet, nous avons fait beaucoup de choses différemment des autres. A la base, un fabricant de guitare peut osciller entre deux tendances : favoriser ce qui rend le travail plus simple pour lui ou bien favoriser la jouabilité de l’instrument donc se situer plus du côté de l’utilisateur final. Malheureusement beaucoup des grosses compagnies choisissent la première option et sacrifient la jouabilité. Moi, mon but était de faire les meilleures guitares qu’on puisse trouver sur le marché, donc tout ce que je faisais sur mes guitares visait à faciliter la vie du guitariste, pas la mienne en tant que fabricant.

Des exemples ?

Le profil en V, le binding aux arrêtes adoucies, la touche ébène ; nous avons été les premiers à nous écarter du talon de manche carré traditionnel, ce qui offrait un accès aux aigus très facile, les micros Di Marzio... Nous avons réintroduit les tables en érable flammé que plus personne ne faisait à ce moment-là. Pareil pour les sunburst, nous étions les seuls à les peindre manuellement, tous les autres les faisaient à la machine. Nos sunbursts étaient plus authentiques, ils ressemblaient à ceux des fifties. Les guitares étaient superbes et sonnaient bien grâce à cette accumulation de détails.
Notre succès vient de là et aussi du fait que personne ne faisait de guitares visuellement destinées à la scène. Toutes les formes étaient assez convenues, pas très excitantes, alors que les guitaristes étaient prêts pour des formes plus délirantes.
Quand j’y repense, objectivement, tout était contre moi : j’étais jeune, sans expérience commerciale, m’attaquant à un marché dominé par des géants, dans un domaine plutôt difficile à rentabiliser, mais le produit s’est imposé parce que c’était le bon produit au bon moment.

Phil Collen Def Leppard

Vous avez aussi eu la caution de guitaristes qui tenaient le devant de la scène : Kerry Livgren (Kansas), Billy Gibbons (ZZ Top), Phil Collen (Def Leppard), les Doobie Brothers etc. Ca a du vous aider...

C’est certain, sans les artistes, vous pouvez vendre des guitares aux revendeurs, mais elles auront tendance à rester en magasin. Dès que des gens aussi célèbres jouent sur vos guitares, elles partent beaucoup plus facilement. Quand un gamin s’achète une guitare, si vous lui demandez les raisons de son choix, il vous répondra très souvent qu’il a vu tel ou tel grand guitariste jouer dessus.
L’autre aspect, même si vous proposez la meilleure guitare du monde, c’est l’importance du nom, de la marque. Dans l’industrie de la guitare c’est un peu comme dans celle de la voiture. Vous vous moquez de savoir qui fabrique votre toaster, mais quand il s’agit de guitare... Il faut donc que votre marque soit connue, et de ce point de vue, le gros tournant ça a été la fameuse pub avec la fille en bikini dans l’eau tenant une Dean dans ses mains. Probablement la meilleure idée que j’ai eue de ma carrière (rires). On était à un moment où bien qu’il fut couramment admis que nos guitares étaient parmi les meilleures, les gens hésitaient à en acheter parce que la marque Dean n’était pas aussi connue que Gibson ou Fender... Cette pub a fait réagir tellement de monde, les gens ne parlaient que de Dean, Dean, Dean... et Dean est devenu un nom connu de tous. Du coup, les gens achetaient les guitares plus facilement car tout le monde en avait entendu parler. Le buzz généré par cette pub est probablement le facteur n°1 de notre installation durable dans le paysage guitaristique mondial.

Vous avez quitté Dean en...

En 1991. J’ai démarré en 76, les guitares sont apparues sur le marché en 77 et j’ai revendu l’entreprise en 91.

Vous en aviez marre ?

Oui marre (fed up en anglais NDR) c’est le mot juste. L’industrie musicale avait tellement changé... En gros, avant la deuxième moitié des eighties, il y avait les bonnes guitares et les guitares quasiment injouables, principalement des guitares importées (asiatiques NDR). A partir de 85, on a commencé à voir arriver des guitares tout à la fois jouables et peu chères qui sont en plus devenues tendance. Là a commencé la course à la guitare économique. On a essayé de jouer à ça aussi mais, et là je parle des revendeurs, les gens s’interrogeaient plus sur l’usine coréenne dans laquelle les guitares étaient fabriquée qu’à la marque et ce qu’elle représentait. Comme je l’ai dit, je suis entré dans ce business pour fabriquer les meilleures guitares possibles et ce n’était pas à la mode à la fin des années 80. Sans compter que les problèmes économiques qui sévissaient aux USA dans ces années-là détournaient les gens des guitares haut de gamme.
J’ai donc revendu Dean et pendant neuf ans j’ai fabriqué des meubles sur mesure haut de gamme, parce que j’ai toujours besoin de construire quelque chose... J’ai même fabriqué des meubles pour Michael Jordan (rires).

Qu’est-ce qui vous a fait revenir ?

Le marché a de nouveau changé, Dean était en ordre de marche et Elliott Rubinson le Chief Executive Officer, voulait relancer la marque sur ses fondamentaux, guitares haut de gamme etc. Donc suite à une longue conversation téléphonique nous sommes tombés d’accord et je suis revenu.

Dean Z et Dimebag

Votre rôle actuel ?

Je fais pas mal de choses, je designe les guitares mais je ne suis plus le seul designer maintenant, il y a toute une équipe, personne n’est capable de sortir un design génial tous les jours. Par contre, je dirige la partie marketing, j’ai aussi la responsabilité de toute la production US, ce sont mes rôles principaux.

Dean aujourd’hui c’est aussi toute une gamme asiatique avec des instruments fabriqués au Japon et en Corée...

Oui et en Chine aussi

Atelier Dean aux USA

C’est nécessaire pour pouvoir maintenir la production US ?

Là encore, il y a deux aspects : la production US est indispensable, car c’est là que vous développez vos idées c’est là que se situent les travaux de recherche et développement. Ce sont aussi ces guitares qui attirent les grands artistes, qui, à leur tour, nous apportent beaucoup d’idées. Ils nous poussent et c’est très motivant.
D’un autre côté, je ne sais pas ailleurs dans le monde mais aux Etats-Unis, tous les produits doivent être déclinés dans des versions abordables. Le problème spécifique à la guitare vient de ce que la main d’oeuvre entre pour une grande part dans le prix final car beaucoup d’opérations se font toujours à la main, on n’a trouvé aucun moyen de les automatiser.

Et comment vous assurez-vous de la qualité de cette production en extrême-orient ?

Nous ne sélectionnons que les meilleures usines là-bas. Ensuite nous confions à chaque usine la fabrication des modèles pour lesquels elle nous semble la mieux adaptée. Enfin nous avons des gars sur place qui surveillent la production et inspectent les chargements en partance.

Toujours à propos des modèles asiatiques : pourquoi n’adoptent-ils pas le manche à profil en V ?

Je t’arrête : on commence à faire des guitares asiatiques avec le profil en V. On l’a réservé aux Dean US pendant longtemps, mais on le trouve désormais sur la gamme Select.

Donc certaines Dean asiatiques se rapprochent des américaines et dans l’autre sens, la série MHG produite aux USA c’est un moyen de rendre les Dean US plus abordables ?

Exactement, on s’est rendu compte que pas mal de gens n’avaient pas forcément envie d’une table en érable ni du surcoût que cela entraîne, ils veulent une guitare US, avec sa jouabilité, son son etc mais sans le côté flashy, une sorte de « workin’ class US guitar » quoi... Les MHG sont full acajou et à ce propos je t’annonce que les Soltero MHG comporteront des chambres.

Un mot sur les micros Dean qui ont démarré récemment, c’est venu comment ?

Les gars de l’atelier US avait pris l’habitude de fabriquer des micros pour leur propres guitares, comme un hobby. A un moment on s’est dit pourquoi ne pas se lancer dans la fabrication de micros, mais c’est vraiment parce qu’on avait cette technologie et cette expertise au sein de notre équipe qu’on l’a fait. Ça a eu beaucoup de succès et on a du engager du monde.

Les Dime Time

On les trouvera en magasin ?

On les trouvera sur les Dean US, sur les Select Series, et on pourra aussi les acheter en magasin. Dans un premier temps, il n’y en aura peut-être pas partout parce qu’on débute dans ce domaine, mais on en vendra dans le monde entier.

Dean commercialise aussi toute une gamme acoustique. Ca paraît un peu étrange pour une marque qui à l’origine ne donnait que dans la solidbody bien méchante.

La guitare acoustique est très populaire et si tu regardes bien nos guitares acoustiques, elles sont plus sexy. Quand tu rentres dans un magasin de guitares acoustiques et que tu regardes au mur c’est relativement ennuyeux. Nous on a notre chevalet spécifique, des flame top, des finish qu’on a transposé des électriques vers les acoustiques et on s’est rendu compte qu’il y a avait vraiment une place pour des acoustiques sexy puisqu’on en vend plusieurs dizaines de milliers par an.

La ML est devenue une icône du metal...

Oui c’est vraiment super et on le doit en grande partie à Dimebag Darell. Cette guitare a maintenant 31 ans et elle est toujours là, alors qu’il y a tellement de guitares qui ne durent pas. Tout le monde connaît la Les Paul, la Telecaster etc. ce sont des guitares qui seront toujours là et penser que la ML entre dans cette catégorie c’est vraiment très gratifiant.

Razorback Explosion

La ML a plus ou moins donné naissance à la Razorback, il existe désormais une V Razorback, à quand une Z Razorback ?

Ca pourrait bien arriver ouais (il se marre). La Razorback voilà encore une guitare incroyable. Total Guitar Magazine l’a élue « meilleure guitare de metal de tous les temps » et elle n’a que trois ans !

Je me suis toujours demandé : les pointes, elles ne cassent pas ?

Bonne question. On les fait d’ailleurs un peu moins pointues maintenant, car effectivement il arrivait qu’elles cassent, mais essentiellement pendant le transport pas quand les gens en jouaient. Que veux-tu les armes sont toujours dangereuses non ? (rires)

Soltero

La question qui fâche maintenant. J’ai lu sur certains forums des messages disant que la Soltero essayait d’être une Les Paul et la Hard Tail une PRS. Que répondriez-vous à cela ?

C’est peut-être ce qui vient à l’idée en les voyant en photo, mais personne ne m’a jamais dit ça après avoir mis les mains dessus. Et puis les forums... Comme on dit parfois : quand on n’arrive pas à faire quelque chose on l’enseigne... Attention je n’ai rien contre les profs hein... Beaucoup de gens sur les forums s’intronisent eux-même « Haute Autorité ». Plus sérieusement, les gens qui essaient la Soltero l’appelle plutôt « Les Paul killer » que « Les Paul wannabe ». Je mets n’importe lequel de ces forumeurs au défi d’en essayer une et de ne pas changer d’avis.

Dave Mustaine nous disait qu’il avait été bluffé par la qualité des bois employés par Dean... Comment les sélectionnez-vous, comment vous approvisionnez-vous ?

C’est un peu plus facile maintenant, avec l’internet, de trouver des négociants en bois concurrentiels. On est constamment à la recherche du meilleur bois, de la meilleure coupe, parce que quoi qu’on dise et quoi qu’on fasse une grande partie du succès qu’on peut avoir dans ce métier se joue à ce stade. Je recherche des bois exotiques de la meilleure qualité et tous ces brokers le savent. Nous achetons de l’érable flammé, de l’érable bouclé, du burl maple, du sequoia flammé, du burl redwood.

Une Soltero en cours de fabrication

Et l’acajou ?

On emploie un acajou appelé « Ivorensis Mahogany » un acajou africain, très léger très propre. C’est bien parce que la mode est aux guitares légères. Je ne sais pas s’il est très utilisé par d’autres fabricants mais c’est ce que nous achetons en ce moment.

Dean semble avoir une relation privilégiée avec les propriétaires de Dean... La DOA Party en est une des manifestations.

Quand on a mis en place les forums sur le site, ça a été comme si on avait ouvert une porte et qu’on avait découvert qu’un million de types attendaient dehors devant le mur qu’on les laisse entrer. Aussitôt que le forum a fonctionné il y a eu foule et c’était grand, tous ces gens qui parlaient de Dean... Dean... Dean... Et un jour, l’un d’eux a demandé :


 Hé, y a-t-il un club ?

 Non.

 Peut-on en fonder un ?

 Ben... oui.

Et ainsi de suite. Un beau jour, ils nous ont annoncé que le club existait et nous ont demandé s’ils pouvaient organiser un meeting chez Dean guitars. On a accepté et la première réunion a eu lieu en 2001. Ça a pris de l’importance chaque année et nous avons du limiter le nombre de participants à la party :. C’est génial, on a des gars qui viennent du monde entier. Cette année ils étaient 350 et ils ont eu l’occasion de jammer avec Michael Angelo, Vinnie Moore et les guitaristes de Trivium. C’est vraiment devenu un gros rendez-vous pour les possesseurs de Dean.
Ce sont des gens très actifs, ils sont partout dans le monde, ils partagent de l’info sur internet, dans certaines régions ils organisent des rassemblements, où ils se retrouvent pour parler guitare et jammer, nous on voit ça d’un très bon oeil.

Une p'tite double manche pour la route?

Et avec les revendeurs vous avez ce genre de rendez-vous ?

Non je sais que c’est un peu bizarre parce que la plupart des compagnies organisent plutôt ce genre de parties pour les revendeurs et non les consommateurs. Bon nous c’est le contraire, mais on y pense.

Quelle est votre Dean préférée ?

Ma préférée ? Wow ! Dur... c’est comme de demander à un père quel est son enfant préféré... Personnellement je suis pas mal sur la Soltero en ce moment parce qu’elle est récente, c’est mon nouveau bébé. Mais sinon j’aime les V, les Ml, les Cadillac... je les aime toutes.

Vous jouez toujours ?

Oui à l’occasion. Je suis plutôt blues, pour moi le must c’est Johnny Winter.

Un conseil pour quelqu’un qui voudrait se lancer dans la fabrication et le commerce de guitares ?

J’aimerais bien avoir un bon conseil à donner (rires)... C’est un business assez difficile, parce qu’il ne suffit pas d’avoir le meilleur produit, il faut aussi que des artistes respectés jouent dessus, les bonnes personnes aux bons endroits etc. mais si vraiment vous aimez fabriquer des guitares comme c’est mon cas, allez-y ! Il n’y a rien au-dessus de ça.

Vos souhaits pour l’avenir de Dean Guitars ?

On veut continuer à grandir, continuer à progresser et à rendre des gens heureux. La guitare fait partie de ces rares objets dont les gens tombent amoureux. Je me souviens quand j’étais gamin et que je me rendais chaque jour dans un magasin où je regardais la même guitare en pensant : « C’est celle-là que je veux ! ». Alors je sais ce que ça fait d’avoir enfin la guitare de ses rêves. Et j’ai envie d’être celui qui fait les guitares dont les gens rêvent.

DBZ guitars

Note : Cette interview a été réalisée en Juin 2008. Fin Août 2008, dean Zelinsky annonçait qu’il quittait définitivement Dean Guitars pour fonder une nouvelle marque DBZ Guitars.

Dimebag


Dimebag est un des plus grands que j’ai connu et en plus d’avoir été un immense guitariste c’était aussi un grand bonhomme et il a fait énormément pour Dean. Personnellement je suis son éternel débiteur et il me manque chaque jour.

Mustaine

Megadeth

Un mec super, un grand guitariste qui a beaucoup apporté au metal et c’est clairement un atout de l’avoir avec nous.

MAB

Michael Angelo Batio

Mike et moi on est potes depuis le lycée. On se connaît depuis toujours... Il était déjà aussi bon à l’époque que maintenant, personne ne jouait mieux que lui, nulle part. Il a toujours acheté des Dean et joué sur des Dean et en 2000 quand on a mis sur pied le retour en force de la marque, Michael en est devenu l’un des composants et lui aussi un sérieux atout pour Dean. Il a parcouru toute la planète en avion a joué environ 70 fois par an pour Dean partout sur le globe.

Leslie West

Leslie West et son modèle Signature

C’est un de mes meilleurs amis. Je l’ai rencontré à une époque où il tournait avec Michael Schenker et j’avais en tête la genèse de la Soltero. 1+1 faisant 2, il est devenu évident que ce serait la guitare idéale pour Leslie. Je lui en ai parlé et quand j’ai eu fini le design, je la lui ai montrée. Leslie a toujours voulu avoir un modèle Signature mais quelque chose d’unique, c’est pourquoi son modèle n’a qu’un micro. La collaboration avec Leslie fut enrichissante tant au niveau personnel que professionnel. J’en profite pour vous annoncer qu’il prépare quelque chose de... bon, on n’a pas fini d’entendre parler de Leslie West.

Michael Schenker

Michael Schenker

Michael Schenker et Leslie West sont maintenant connus pour jouer sur Dean. Et les deux étaient connus pour jouer sur une marque unique et ils ont très naturellement basculé vers Dean. Alors je me dis que si quelqu’un comme Michael Schenker qui a joué sur Flyin’V Gibson pendant 40 ans a pu tomber amoureux des Dean en une journée, je pense que ça peut arriver à n’importe qui.

Oui j’ai essayé son modèle signature, très bonne guitare.. très chère aussi...

Le champagne est plus cher que la bière, pas vrai ? (rires)

Trivium

Trivium

Nous sommes très honorés d’avoir Corey et Matt. Ces deux-là sont bien plus doués et bien mieux armés en terme de jeu que la plupart des nouveaux guitaristes de metal, c’est pourquoi nous tenions à ce qu’ils soient partie prenante de Dean guitars.

Alex Nunez

Alex Nunez

Je tiens à mentionner Alex de Black Tide, un guitariste plein de promesses... Il a joué à la Ozzfest l’année dernière et il n’a que 17 ans !

La pub qui a boosté Dean

Shari Shattuck les pieds dans l'eau

Dean Zelinsky sent que sa marque a besoin de franchir un cap question notoriété. Il veut en faire un nom aussi connu que Fender ou Gibson et montrer aux gratteux que Dean Guitars c’est différent du reste, que lui Dean est un type de 20 ans comme eux, pas un businessman en costume. Il tombe sur une revue, dans un avion, où une fille en maillot de bain, debout dans l’eau pose pour la pub d’un alcool. Sa première pensée est qu’elle devrait tenir une Dean entre ses mains. Il contacte un de ses potes, RK, photographe pour Playboy et lui expose l’idée. Après plusieurs essais,ils décident que le meilleur moyen sera de photographier la fille dans une piscine et de la surimposer sur une photo de l’océan (qui finira par être une photo du lac Michigan). Au bout de 3 mois de recherche RK tombe sur LA fille, Shari Shattuck d’Atlanta, venue poser pour la couv’ de Playboy. Ainsi naquit la première d’une longue série de publicité à base de playmates ainsi que la légende des Dean Girls.

Et notez le détail qui tue : le pins de la ML sur le maillot !!!

Portfolio

 

Mots-Clefs

Type d’article
Interview
Musiciens/Groupes
Alex Nunez Dave Mustaine Dimebag Leslie West Michael Angelo Batio Michael Shenker Trivium
Marques
Dean
Numéro
GX28

 

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