Le V3M reprend la majorité des caractéristiques du V3, le 100W vaisseau amiral de la marque, dans un format "micro ampli" (38x21x18 cm) avec une section puissance qui troque ses 4xEL34 pour 4xEL84 délivrant 50W ou 22W ou 7W au choix. Comme on le voit, la taille a été considérablement réduite par rapport au V3 mais pas les fonctionnalités. Alors bien sûr, on perd le MIDI, la deuxième boucle d’effets et le changement automatique de la couleur interne suivant le canal choisi, mais l’essentiel a été préservé : un ampli hi gain à 3 canaux, avec reverb et boost, tous deux accessibles au pied. Grosse surprise côté poids, l’ampli fait un peu plus de 8 kg ! Pour un tout lampes c’est fort.
Avant de continuer, je voudrais dissiper deux malentendus : d’abord à ceux qui s’attendent à retrouver un V3 stricto sensu, sachez que les EL84 lui donnent un personnalité différente de son grand frèsre à EL34. Ensuite à ceux qui n’y verraient qu’un énième concurrent des amplis grille-pain à la mode en ce moment, oui il sait faire aussi l’ampli d’appartement, mais attention ce n’est qu’une des cordes qu’il a à son arc. Le V3M représentera pour nombre d’entre nous l’ampli tout terrain idéal.
Il est beau, il est beau, mon V3M !
Le châssis principal, noir, est surmonté d’une cage en alu argentée, percée de stries d’aération et du logo V3 au centre à l’avant.Le tout est campé sur quatre gros patins caoutchouc et surmonté d’une robuste poignée. Si on n’a pas le côté "petit bijou" d’un TA15 ou d’un Night Train, l’ensemble n’en reste pas moins très élégant, surtout qu’une fois en route l’intérieur de l’ampli peut s’illuminer au choix, de rouge ou de bleu.
Les trois canaux sont très bien matérialisés sur le panneau des commandes. Les deux premiers, dédiés à la saturation sont identiques avec six potentiomètres, Presence, Volume, Drive en haut et égalisation trois bandes en bas, plus deux switches, celui du haut, à trois positions Thick, Normal et Intense, et celui du bas ouvrant la voie à l’EQX une version expanded de l’égalisation. Le troisième canal dédié aux sons clairs, ne se distingue que par son switch du haut qui donne, lui, le choix entre Soak (détrempé ;-), Normal et Bright. Pour compléter le tableau, on trouve sur la gauche un Master général, le taux de Reverb, le couple Power/Standby, et, sur la droite, l’entrée instrument plus deux switches de commutation manuelle des canaux. Sans oublier les LED témoins de chaque canal et du Boost.
A l’arrière, on trouve deux sorties HP flanquées d’un sélecteur 4/8/16 ohms, une sortie ligne compensée, une boucle d’effets (série), le réglage du niveau de Boost, jusqu’à +6dB, une entrée DIN pour le footswitch FS44 (deux switches de commutation des canaux, Reverb et Boost, non fourni) et une entrée jack pour le FS22 (deux switches de commutation des canaux, non fourni), deux interrrupteurs pour mettre en/hors service les LED internes et en choisir la couleur, un switch pour déterminer la puissance 7, 22 ou 50W.
Ca sonne c’t’affaire !
Commencons par les canaux 1 et 2 qui comme sur le V3 sont les canaux saturés, la partie reine de l’ampli. D’après Carvin, il sont totalement semblables et interchangeables. Il est vrai qu’ils sont tous deux capables de très beaux son crunchs, de distos rock, hard et metal. Cependant, est-ce juste psychologique ?, j’ai tendance à leur trouver des personnalités légèrement différentes. L’égalisation et la Presence ouvrent un champ d’investigations considérable et on affine comme on veut, sans problème. L’EQX que j’avais bien aimée sur le V3 me semble ici un peu moins intéressante, un peu plus caricaturale dans sa manière de gonfler les bas mediums et je ne l’ai pas trop utilisée. Les variations de puissance (7/22/50) sont moins énormes à l’oreille que sur le papier mais elles sont réelles et pourront permettre de ne pas se fâcher avec le patron de club ou le sonorisateur lambda. De toutes les façons, le Master Volume remplit son rôle à merveille et les sons saturés restent très vivants même à très bas volume. Bien sûr, on s’amusera plus en le poussant entre 5 et 7 et en faisant rougir les EL84, mais nos voisins nous ramenant souvent au principe de réalité... Le Boost est très efficace et l’ampli qui perce déjà bien dans le mix n’aura aucun problème à vous porter sur le devant de la scène lors des chorus. Son réglage à l’arrière autorise aussi à s’en servir pour disposer de sons alternatifs sur chacun des canaux pour avoir six sons différents direct sous le pied.
Le canal 3, dédié aux sons clairs, se comporte mieux avec des simples qu’avec des doubles, de plus, il peut présenter des disparités de volume avec les deux canaux saturés. Disons que comme le V3 il ne faudra pas acheter le V3M pour ce canal, même s’il est bien plus qu’un simple canal d’appoint. Il donne le meilleur avec le Master au-delà de 4, en dessous c’est un peu plat. Switch sur Soak et Gain bien poussé il est capable de sons crunchs bluesy plutôt sympas.
Le Master Volume permet d’ajuster le volume sur l’ensemble des canaux d’un coup mais attention, vous aurez forcément à retoucher à la presence de chaque canal si vous passez le master de 1 à 7 par exemple, vous aurez un surcroît d’aigus à réglage égal. C’est normal car alors, on laisse la section de puissance lâcher les chevaux. On apprécie encore une fois l’effcacité de la Presence puiqu’un simple ajustement de ce seul réglage sur chaque canal permet de remettre les pendules à l’heure.
V3 ? Aime !
Résumons-nous : on peut l’utiliser aussi bien chez soi qu’en concert et là c’est vraiment vrai pour de vrai ! A savoir qu’on ne se trouvera jamais à cours de puissance sur scène et que chez soi on pourra vraiment jouer à 3 du mat (je l’ai fait) avec un son suffisamment gratifiant et vivant. Arriver à proposer tout ce que le V3M propose, dans un format aussi réduit est un véritable tour de force. On pourra toujours lui reprocher ceci ou cela, reste que c’est un formidable outil pensé pour jouer et pas pour épater la galerie, ce qu’il sait faire aussi.
EDIT du 1er octobre 2011 : j’ai acheté le V3M objet de ce test et, après une dizaine de concerts avec, je n’ai que des satisfactions : Il fait le job très efficacement, il a vraiment du souffle et c’est un plaisir de soulever ses 8kg après un gig ;-) Il est aussi très fiable et sa housse est top. Je continue à utiliser ma tête JCM 800 modifiée par VHM sur les grosses scènes mais pour tout ce qui est petits clubs, je joue désormais avec le V3M.
P.S. vous pouvez également l’entendre sur la vidéo du test des Charvel Pro Mods.