Comme nous ne vivons pas dans un monde parfait, on déplorait tout de même plusieurs absences :
- celles de nombreux luthiers français tout d’abord, et c’est bien dommage, le salon étant un moment privilégié de rencontre, de découverte, tant pis pour nous.
- celles de poids lourds ensuite, tels la galaxie Gibson et (à moins que je les ai loupés) les effets Dod/Digitech.
Au niveau des tendances, et même si sur un « salon de retrouvailles » comme celui-là, elles étaient peut-être moins marquées on a pu noter que :
1) malgré le développement exponentiel de tout ce qui découle de la numérisation, on constate un retour en force des lampes avec deux axes forts :
- la démocratisation avec des lignes d’amplis tout tubes moins chers (Peavey Valve King, Randall Tube Series) ou comme chez Ibanez un haut de gamme à prix raisonnable, le Thermion.
- le retour des têtes monocanal comme les Peavey Penta et Windsor, ou les VHT Deliverance 60 et 120W.
2) les filles se saisissent du manche et ça se voit ; beaucoup de filles dans les allées et alors qu’avant elles étaient plutôt réduites au rôle d’admiratrices éperdues de leur guitar heroe de copain, on en voit beaucoup tester l’instrument et pas seulement des acoustiques et pas seulement pour jouer des ballades. TC Electronics avait d’ailleurs fait appel à une démonstratrice de luxe, Audrey du groupe Duelle, qui, désolé messieurs, tranchait agréablement avec les démonstrateurs de tout poil des autres stands, non seulement parce qu’elle est jolie, mais aussi et surtout parce qu’elle n’abordait pas l’exercice sous l’angle de la performance technique. Le phénomène n’a pas échappé aux marketeurs et a donné naissance à des modèles « pour filles », plus légères avec un diapason raccourci, des couleurs supposément plus féminines etc. La marque Daisy Rock ne présente d’ailleurs que des « guitares pour filles » en forme de coeur, d’étoiles, ça fait un peu guitare de Barbie mais d’après Jean-Claude Rapin qui assurait les démos sur le stand Filling Distribution ce sont de véritables instruments.
3) les manches conducteurs se multiplient, sans doute parce que les procédés de fabrication actuels, grâce au pilotage par ordinateur, entraînent moins de ratés ce qui permet de réduire les coûts.
4) l’empreinte que Dimebag a laissé est aussi imposante qu’il l’était lui-même. The World Most Dangerous Guitarist a beau nous avoir quittés, paix à ses cendres, il n’en finit pas d’être parmi nous à travers les divers matériels qu’il a suscités que ce soit chez Dunlop/MXR, chez Washburn (la série s’appelle désormais WE), chez Dean avec ses modèles custom, ou chez Krank avec le Krankenstein dont il n’a malheureusement pas pu profiter.
Pas de salon sans hôtesses,
ici celles de Musicguard,
un assureur pour matériel musical
5) il y avait beaucoup de belles guitares sur ce salon. Toutes ne sont pas de bons instruments, mais on constate une progression certaine en termes de qualité d’assemblage et de finition, une diversité réjouissante quant aux formes, aux couleurs et aux décos, ce qui n’a pas toujours été le cas sur le marché français et un brouillage complet des repères en ce qui concerne les prix. Plus de choix, plus d’embarras, mais on ne va pas se plaindre.
6) dernière tendance peu réjouissante, certains secteurs, comme celui des effets ont connu de fortes hausses de prix depuis l’arrivée de l’euro. C’est aussi le secteur qui a le plus progressé en rapport prix/performances (temps de delay, transparence des pédales en bypass etc.) mais quand même, on pouvait voir un certain nombre de pédales pas franchement novatrices ou époustouflantes à 250 ou 300 euros... Une bonne occasion de saluer l’initiative de la marque WSL qui présentait une ligne d’effets d’excellente tenue pour certains, autour des 50 euros l’unité (voir le banc d’essai de l’Universal Distortion).
Bref ce furent quatre jours pleins comme on aimerait en voir plus souvent.